NILLOP JO 75 Petrel et Cormoran, les faux jumeaux

Après le Petrel blanc qui j'ai acquis en excellent état et qui s'est bien amusé dans la grande bleue en Corse, je viens d'acquérir , en bon état mais plus usé (mais sans joint de  coque qui baille) un NILLOP plus rare, et je suppose , plus performant.

C'est un Cormoran noir à liston jaune avec le N° de voile 3548 dans la série des Junior 0,75 (Le Petrel a le N° 1950)

Côté gréement c'est du quasi identique: La Grand voile et le foc sont un poil plus courts en bordure et sur le Cormoran (GV Jaune et foc rouge, il y a des fausses laizes tracées au stylo indélébile). Mes voiles de Petrel étaient impec, celles du Cormoran que j'ai lavées en machine sont très propres, même le jaune bouton d'or de la GV n'est pas délavé (et pourtant les pigments jaunes çà n'aime pas les UV) mais qq taches de rouille quand même sur la GV.

Côté coque par congre c'est nettement plus moderne: On a une coque en Vé qui doit diminuer la surface mouillée et qui à la gîte n'a pas la même déformation de carène que la semelle plate "à la Star" du Petrel qui le fait loffer sauvagement dans la risée (pareil pour le vrai Star ex-Olympique, notoirement une horreur à barrer finement)  et suppose une quête avant prononcée pour mieux se comporter.

Il y a un gouvernail (la barre et la mèche sont en fil de fer plastifié , probablement en provenance de cintres à habit, Mr Pollin devait les acheter par 13 à la Douzaine , les main courantes sur le rouf de la goélette Nillop sont aussi faits dans du cintre recintré) mais il n'y a pas de Braine.

Le pont a une superbe fausse fougère teintée au brou de noix ou équivalent, un poil dissymétrique mais très élégantes  et des fausses lattes cintrées alors que le Petrel a des fausses lattes courbées mais pas de fougère.

Etrave et tableau arrière verticaux (Plumb stern and stem, qu'ils disent les rosbifs), çà donne une longueur flottaison maximale (favorable à la vitesse) dans le cadre d'une jauge. la tonture de pont (en longitudinal)est moins prononcée (quasi inexistante en fait sur le cormoran) mais le Cormoran a une courbure latérale (le Bouge de pont en jargon marin) qui sans être un dos de tortue, est assez prononcé, bon pour évacuer l'eau embarquée.. Une cabine (différente de celle assez rigolote , du Petrel, la même bouée couronne en bois mais disposée sur le toit du rouf...

L'intérieur tout noir sent très fort le Coaltar , Mr Pollin étanchait comme celà ses bateaux dont le contreplaqué ne devait pas vraiment être estampillé "Marine" , à peine "Qualité extérieure"

Le lest en goutte d'eau est strictement identique sur les deux bateaux, mais le profil de la quille est plus travaillé sur le Cormoran, presque un diagramme NACA d'aile d'avion.

Le Cormoran est probablement plus performant que le Petrel (ils étaient prévus pour régater en voile libre jauge Junior, avec des certificats de jauge émis par la Fédération Française de Yachting à voile (qui a beaucoup déménagé dans Paris (Boulevard Haussmann, puis rue Saint Lazare , puis Avenue Kléber et maintenant rue Henri Bocquillon) et le mien a probablement régaté car sa Grand voile a été dotée de crochets de corset (d'où les taches de rouille) et le mât a un fil de cuivre tendu sur la face arrière, un "mât de corde" qui améliore l'aérodynamique du bord d'attaque de la Grand voile...

Le mât est ce qu'il y a de plus abîmé : Passons sur les Barres de flèche en CP cassées  ...c'est cassé sur quasiment tous les Nillop que je connais car le CP a des fibres croisées et résiste mal à la flexion comparativement à une barre de bois massif...mais çà se recolle. Le mât n'a pas aimé la tension du fil de cuivre émaillé (genre bobine d'électro aimant ou de ferrite radio) qui sert de mât de corde il était furieusement cintré, mais je l'ai redressé en le trempant dans l'eau chaude et en le faisant sécher sous contrainte...j'y suis même allé trop fort , l'opération est à

reprendre plus délicatement et en sens inverse, le hêtre a moins de nervosité que le pin.

Pire encore le mât a été cassé juste sous les barres de flèches et réparé avec de la colle et une rousture en fil de cuivre émaillé recouverte de chatterton jaune tout desséché (le propriétaire devait être technicien radio ou bobineur...) mais je vais conserver ect outrage du temps , tout comme je ne réparerai pas le petit bout d'hiloire de la cabine qui est cassé...

Juste repeindre la coque et le liston, revernir le pont et les espars , recréer l'emplanture de pied de mât en goutte d'eau (qui est délaminée) ...et ce sera tout... à bientôt sur l'eau pour une comparaison en live

Bonjour Lasérologue

Merci pour ces images et comparaisons.
Auriez-vous une photo du pont du Petrel sans sa cabine : le montage est-il le même que sur le Cormoran avec un renfort carré autour du bouchon d'aération et deux rails longitudinaux pour caler la cabine ?
La cabine du Pétrel a bien un rideau en toile rouge collée à l'intérieur pour obturer le hublot rond, comme ce que j'ai sur mon Seabird ?

sur le Petrel, le montage est très exactement semblable à celui du Cormoran à cabine, à ceci près qu'il  a un carré de contreplaqué verni qui figure le fond du cockpit, entre les hiloires arrière de la cabine  avec une bouée couronne fixée au "fond du cockpit", alors que sur le Petrel, la même bouée est fixée au toit du rouf.

Et il y a bien des "rideaux" (2 bouts de toile à voile rouge collée derrière les hublots, idem  sur ma goelette NILLOP (qui a des hublots plus modernes , en amande)

Autant le dessin de la cabine du Cormoran est classique, et ressemble à ce qu'on trouvait sur les premiers Armagnacs de Harlé (avant les roufs en plastique rapportés) ou sur les premiers mousquetaires ou le faraman d'Amiet,  tous dignes représentants de la plaisance contreplaqué , autant la casquette vernie du Petrel est un peu "What the fuck", et un peu encombrante en hauteur, elle évoque un peu la version "croisière" version dériveur lesté  de la Caravelle Herbulot (la Caragogne , officiellement dénommée Cigogne, avec son mini rouf en contreplaqué cintré (mais dans l'autre sens). 
Ca a son charme, comme la cabine bizarroïde des autorails SNCF Renault X3800 dits Picasso. Le Muscadet d'Harlé était considéré comme moche, avec sa tonture inversée et son tableau arrière riquiqui mais , dixit un constructeur de bateaux plus traditionnels "on lui a pardonné son cul étroit car il le montrait à tous les autres bateaux"

Bonsoir à tous,

J'ai également un cormoran auquel il manque la cabine.
Laserologue, auriez vous l'amabilité de réaliser un relevé des côtes et me les communiquer ?
Merci d'avance et bonne soirée

voilà le crobard fait en posant la cabine sur une feuille de papier...la courbure du toit de cabine est la même que celle du bouge de pont (peigne à relever les courbes conseillé

caramba raté ! le servimage a mangé la cote du flanc!

Il manque la hauteur au niveau des cloisons 2,2 Cm (à l'avant) et 3,1 cm (à l'AR) en incluant l'épaisseur du toit qui est cloué sur les flancs

le bouge de pont est un poil plus prononcé à l'avant: je vous conseille de faire un relevé en utilisant un "peigne à courbes"

Merci Lasérologue pour ces relevés et dimensions.
Et, tant qu'à faire, quelle est la largeur de ce roof ?

il suffit de mesurer le distance entre les 2 rails à plat pont du bateau, ou de reproduire le dessin sur un 21X29,7 , mon dessin a été fait sur un 21X29,7 en contournant la cabine (à plat ou de flanc) avec un feutre pointe fine, l'épaisseur des flancs de cabine est indiquée (5mm) tout comme celle des cloisons AV et AR (10 MM, qui servent de "couples") et celle du toit (3mm)qui est cloué sur les flancs et les recouvre . La flèche du cintrage est environ de 4 ou 5mm tant pour le bouge que pour la courbure du toit mais il y a une différence entre AV et AR d'où mon conseil de relever le bouge de pont avec un "peigne"à dents coulissantes (règle à profil) très utile quand on fait des bers pour les maquettes

Merci.
Ma question était de culture générale et non pour refaire la cabine d'un Cormoran existant. 
Les imprimantes permettant rarement de revenir à la taille d'origine, je fais donc une règle de trois sur les dimensions fournies et trouve une largeur de 9,2cm.

pas tombé loin...j'ai 9,1 cm sauf à l'arrière des hiloires de cockpit où c'est un peu plus pincé (8,8 cm) bloqué entre le "rail" et  le secteur de barre

Ce pincement doit participer à la tenue de la cabine, les hiloires faisant ressort.

Ca mériterait un bout de sandow , un crochet et une paire de pitons, apparemment bien des NILLOP arrivent jusqu'à nous en ayant perdu leur cabine, qui est juste posée, à peine coincée...et c'est dommage...
J'ai eu du bol , les trois miens avaient leur cabine et leur rigolote bouée couronne

Ceci dit le cimier de casque en goutte d'eau aérodynamique sur le bouchon ne  manque pas d'allure non plus

Merci beaucoup Laserologue pour toutes ces informations très utiles.
Bonne soirée

Une fois terminé le Cormoran, je vais m'attaquer au gros morceau NILLOP , ,à savoir la Goélette, les mâts sont tordus (mais çà se redresse), la coque est saine mais je vais avoir besoin de quelques infos, un service en valant un autre...détail sur le topic goelette Nillop

Le Cormoran sort de chantier...le mât a été presque redressé, la coque la cabine  (sans oublier la bouée) ont reçu diverses couches de peinture et de vernis, les cordages ont été suiffés aux extrémités pour ne pas se décommettre , l'emplanture de mât a été refaite avec un bout de vrai CP d'acajou (un reste de dérive de 470)

Je vais modifier le circuit d'écoute sur les deux bateaux (les taquets Nillop sont très peu pratiques) les écoutes partiront de ces taquets (point fixe ou "dormant") et il y aura des coulisseaux (les classiques de M Pollin, en fil électrique torsadé) pour faire les réglages le long des bômes et je pense équiper le moins sophistiqué  Petrel avec le même raffinement que le Cormoran régatier : un fin câble tendu derrière le mât et des crochets de soutien-gorge cousus dans la voile pour améliorer l'écoulement de l'air...c'est à peine une entorse à l'authenticité le montage est courant chez Nillop il figure aussi sur le mât d'artimon de la goélette (mais pas sur la misaine...va savoir pourquoi...)

C'est l'occasion de s'apercevoir que le Cormoran, très chic avec sa fargue jaune vif tranchant sur sa coque noire a un tirant d'eau plus profond que le
 Pétrel qui est visiblement copié de la carène du Star olympique (j'ai montré le bateau à Mr Jean Chevalier, maître voilier, mémoire de la plaisance de l'après guerre 99 ans , bien fatigué mais toute sa tête, qui a tout de suite reconnu la carène du Star...)  Je suis certain que le Cormoran a bien été conçu pour régater une fois que le dessin du Pétrel a avoué ses limites.

LASEROLOGUE a écrit:Je suis certain que le Cormoran a bien été conçu pour régater une fois que le dessin du Pétrel a avoué ses limites.

C'est possible. 
Mais il se peut aussi que Pollin ait voulu dès l'origine proposer deux voilier J-0,75 différents.
Si le Cormoran est probablement plus performant que le Petrel dès qu'il y a un peu de vent, avec son fond en Vé et son pont à fort bouge il est sensiblement plus compliqué à construire et donc à priori plus cher.
Et on peut remarquer que les deux modèles ont figuré simultanément sur le seul catalogue de la marque que je connaisse. 
Est-ce l'antériorité ou le prix qui a permis une plus forte diffusion du Petrel que du Cormoran ? Si je me réfère aux ventes que j'observe depuis quelques années, il y a au moins trois fois plus de Petrel que de Cormoran. Mais mon échantillon d'analyse reste limité...

Perso, je pense qu'il faut comprendre le fonctionnement de la jauge Junior 0,75 :

A mon avis  début des années 50 et dans la foulée des organisations de jeunesse (de Pétain aux scouts de toutes obédiences, y compris communistes, les pionniers de France, ou Laïcs qui ont eu leur heure de gloire après la Libération) il y a eu un certain engouement pour la jauge junior 0,75...J'avais un manuel de loisirs au plein air édité à cette époque, il y avait un plan de JO75, pareil dans le bouquin de Yan Kriss pour la construction de modèles ultra simples pour les grands enfants/ados, et en plus il y avait un réseau de clubs de modélisme avec une part de jeunes adhérents.

Je pense que Pollin a fait d'abord le Petrel dans l'esprit initial de cette jauge (très simple et facile à construire pour des gamins malhabiles, en se basant sur un bateau réel connu pour être bon marcheur, le STAR) , puis que , comme pour toutes les jauges de régates un peu libres et même pour la monotypie (un 420 actuel n'a plus du tout le même accastillage ni les mêmes voiles ...etc que les Lanaverre originaux du début des années 60) , il est apparu des bateaux plus performants , à fonds en Vé , mieux équilibrés et qui gagnaient.
Il y avait un plan de JO75 dans la liste de plans disponibles à la librairie MRB (à Paris, Rue Bonaparte) et des plans /kits dispo sur des catalogues comme STAB et autres.
Pollin a du vouloir suivre la course à l'armement et sortir un JO75 capable de gagner en copiant les plans Boussy ou Ramette et il a même tenté sa chance en classe 1M 10/40 non radiocommandée avec l'Alcyon, qui est vraiment un oiseau rare avec son Braine simplifié...et qui vu les méthodes de construction en CP robuste devait être un peu moins performant que les 1M faits maison à coque à bouchains (le Mousse de Boussy) ou en forme (des réductions des 1M27 Classe M anglais , comme mon "Roland de la Poype").

Ce qui me fait dire celà ce sont les numéros : Les Numéros de course étaient attribués par la FFYV, pour tous les JO 75 (Les NILLOP comme les constructions amateur) ...Les Petrel ont des numéros à trois chiffres , ou à 4 chiffres entre 1000 et 2000 tandis que les Cormoran ont des numéros dans les 2000 à 3000 indiquant une construction plus récente.
Mon idée c'est que Pollin a développé le Cormoran pour les mordus de régate quand il a constaté que le Petrel était dépassé , et qu'il l'a vendu en plus petit nombre (forcément c'était plus cher...et avec la course à l'armement, comme toujours , la participation diminuait) mais qu'il a continué le Petrel (et peut être développé le petit Caneton et les joujoux genre tartane , barque et autres) pour couvrir le bas de gamme à pas trop cher

Essai du Cormoran au Luco...et relative déception: Comme son demi-frère le Petrel, il est extrêmement ardent, dans sa configuration d'origine.

Après avoir donné de la quête avant , puis redonné encore plus de quête avant c'était nettement mieux mais pas parfait: le bateau loffe en grand à la risée , la GV dévente, puis le foc le remet dans l'axe (s'il le peut car des fois le piton AV de balestron pris dans le tendeur  d'étai côté point d'amure à tendance à bloquer ) avant à revenir à la route... Résultat , la GV n'est pas toujours bien pleine et la trajectoire est parfois sinusoïdale.

En désespoir de cause je décide d'utiliser le gouvernail (qui est mobile sur le ,Cormoran, contrairement au Petrel) et qui a une petite crémaillère de bocage en bois pour bloquer la barre en fil d'acier plastifié de cintre...

Et là , surprise, çà fonctionne bien, le bateau trace droit et vite...l'ennui de ce système (Vu également sur certains Borda Luxe, sur les Seifert et sur les Balandro Giner espagnols ) c'est que si malgré tout le bateau vire de bord, il passe de modérément ardent à super-ardent-qui-tourne-en-rond.

Je suis un peu plus convaincu par le gadget de la barre à crémaillère mais je crois que je vais essayer d'installer un système, discret et réversible /démontable  de barre automatique (pas un Braine, juste une barre à contrepoids réglable.)
Après tout les anglais en installaient sur des modèles bien plus petits (certains Bowman de 40 à, 45 Cm)