Borda VX 50

J'avais acheté il y a quelque temps un VX50 que son propriétaire avait commencé à "améliorer". Depuis, heureuse d'avoir échappé au sort qui lui était promis, la pauvre bête attendait patiemment sur mon étagère que je me penche sur sa destinée.

Il se trouve que ma petite-fille, à l'issue d'une navigation sur le bassin de la préfecture de La Roche sur Yon, m'a demandé un bateau "qui va dans la mer". L'occasion était belle de se lancer dans la restauration du Borda pour lui permettre de se mesurer à l'Atlantique.

Il accuse en l'état 1363g sur la balance, ce qui devrait l'amener, en ajoutant les espars et les voiles, à environ 1500g en ordre de marche.

Première opération : dépontage, démontage de la quille (un peu tordue),  décapage et ponçage de la coque, et pesée des différents éléments.

La mise à nu de la coque a révélé quelques défauts, notamment deux gros nœuds traversants et quelques fissures, qui seront traitées à la résine polyester chargée à 30% de talc.

L'intérieur de la coque est ensuite recreusé pour descendre son poids à 382g. Les 337g ainsi gagnés seront reportés sur le lest, qui passera à 600g. Avec un déplacement prévu de 1 450g, le ratio lest/déplacement arrive à 41%, soit près du double de celui d'origine, ce qui devrait améliorer sérieusement la tenue au vent et lui éviter de se coucher à la moindre risée.

Une nouvelle quille, plus profonde et un peu plus longue, contribuera à la stabilité de route et à la raideur à la toile. La technique est la même que celle employée pour Jane Doe et mes autres rénovations : le lest en forme est fixé sur la coque par 2 tiges filetées traversant une quille en 3 épaisseurs de contreplaqué contrecollées, le tout collé à la résine sur la coque. Avant ponçage, l'ensemble de la coque est enduit à l'intérieur comme à l'extérieur à la résine chargée.

Essai de flottabilité, avec 214g de poids additionnel correspondant au pont et au gréement. Conformément aux prévisions, le franc-bord est de 20mm à la proue et 10mm à la poupe.
Ca ne se voit pas sur la photo, mais les écrous sont noyés dans la résine pour les protéger de l'oxydation et les dissuader de toute tentative de desserrage.

Le pont en contreplaqué de 3mm, avant vissage et collage sur la coque, avec ses renforts pour les fixations des ferrures. L'épontille, positionnée au droit du mât, lui évite toute velléité de flexion. La résine pure étant assez réfractaire au ponçage, elle est chargée à 20% de talc pour les collages et à 100% pour les enduits.

Voici le résultat, après masticage des têtes de vis, 2 couches d'apprêt, 3 couches de blanc, le dégradé de violet réalisé selon les désirs de la demoiselle future propriétaire, et les multiples ponçages intermédiaires au 500 à l'eau. Il ne reste plus qu'à passer les 5 couches de vernis acrylique qui protégeront la peinture de l'eau salée.

Les ferrures reçoivent également 2 couches de vernis pour protéger le laiton de l'oxydation marine.

Muni de ses espars et de ses voiles provisoires en calque polyester, le voici prêt pour son premier essai de navigation.

Le vent a malicieusement attendu la mise à l'eau pour passer de 3 à 0, mais le souffle de brise qui reste suffit à propulser élégamment notre esquif sur l'onde claire dans les ors du soleil couchant. Et, en reconnaissance des soins que je lui ai prodigués, il maintient fermement son cap sous toutes les allures.

Le voici terminé, avec ses voiles définitives en coton écru 120g/m2.

Le détail classe : logo Borda doré identique à celui d'origine (4 heures de Photoshop, mais ça valait la peine). Depuis, j'ai passé 3 couches supplémentaires de vernis sur le tableau arrière pour masquer la surépaisseur sur les bords de la décalcomanie.

Ultime vérification : pari gagné, on est dans le devis de poids prévu.

Comme c'est un bateau destiné à être emmené à la plage par une demoiselle, j'ai recyclé une valise en carton pour en faire une boîte de transport adaptée afin que que la miss, qui est un peu fashion victim, puisse exhiber une mallette vintage sans "se taper la honte devant les copines".

A l'image des valises de pique-nique à la mode dans les années 20, tous les accessoires ont leur emplacement dédié et sont maintenus en place par des sangles élastiques.

On notera les sangles du ber en satin rose (ben oui, c'est une fille!), ainsi que le coup de peinture sur le ber et l'intérieur de la valise pour différencier l'avant de l'arrière  (ben oui, c'est une fille…). Il y a également une ligne nylon de 100m pour ramener le bateau, montée sur une micro-canne télescopique.

Si avec ça je décroche pas le prix du meilleur papy de l'année…

Pour les décalcomanies : http://customdecal.fr/produit/decalcomanie-100-custom-visuel-format-a5/

Pour le dégradé violet : "Des goûts et des couleurs on ne dispute point". Comme ce bateau était destiné à l'usage de ma petite-fille, je l'ai fait comme elle l'avait demandé. J'aurais choisi d'autres couleurs s'il avait été pour moi.

Pour les boules : C'est une simple perle en bois dans laquelle on fait un trou perpendiculaire à celui existant. Il suffit ensuite de passer le cordage dedans comme dans un ridoir 3 trous. En sortie de la perle, on revient sur le brin de retour de boucle et on immobilise par un noeud sécurisé à la cyano.

J'utilise exclusivement des cordages kevlar ou Dyneema, très résistants, qui ne s'éraillent pas, sont insensibles à l'eau, qui ne s'étirent pas et glissent très bien, mais le revers de la médaille est que les noeuds ne tiennent pas (même avec 3 demi-clefs serrées à la pince, on arrive à dénouer une boucle rien qu'en tirant à la main). Tous les noeuds doivent donc être assurés à la cyano. Pour ce bateau, c'est de la tresse à silure Ø 0.8 donnée pour 225kg. Ce n'est pas la première chose qui cassera en cas d'accident... Comme les cordages ne s'étendent pas, j'ai supprimé les ridoirs des haubans pour simplifier le montage de la voilure.

Pour maintenir en position le bout de réglage différentiel entre foc et voile, j'ai utilisé une perle carrée que j'ai percée de 4 trous dans lesquels passe le bout. Le trou d'origine de la perle sert à passer la vis qui la fixe sur le pont. Ca coulisse quand on tire sur le bout, mais il y a assez de frottement pour que le réglage ne bouge pas sous l'action des voiles.


Les perles blanches servent uniquement de poignées pour tirer sur l'une ou l'autre des extrémités du bout de réglage.