borda cp 26

Deroubaix, on ne peut que t'admirer et te féliciter pour cette restauration. Quelques remarques que j'espère constructives :

* La jonction coque/pont gagnerait à être traitée pour cacher la tranche du pont. Je ne sais plus quel constructeur utilisait pour faire ce genre de liséré un jonc d'osier coupé en deux fixé par de minuscules pointes laiton. Dans ton cas, il peut être délicat de planter des clous dans la tranche du pont, tu risques d'éclater le bois. Une solution serait peut-être de coller sur cette tranche du cannage pour chaises. C'est un jonc d'osier plat légèrement bombé possédant une surface extérieure lisse et brillante du plus bel effet, qui existe en plusieurs largeurs et qui supporte très bien la teinture ou la peinture. Tu dois pouvoir trouver la taille intelligente qui te permettrait de ne pas faire de découpe au niveau des hublots. Le seul problème est qu'il se vend en écheveaux contenant de quoi canner une chaise. Avec un seul écheveau (bizarrement, on ne dit pas un écheval, la langue française est parfois étrange), tu as de quoi équiper au moins 300 petits Borda. Ne te dépêche pas de massacrer une des chaises de ta belle-mère, j'en ai chez mes parents un reste qui pourrait convenir. Il te faudra quand même patienter un peu pour que je puisse t'en procurer un morceau, car je n'y vais pas avant Noël. Si tu n'as rien trouvé d'ici là, n'hésite pas à m'envoyer vers la mi-décembre un mail avec un coup de pied au cul en pièce jointe pour que je n'oublie pas de te l'envoyer.

* Je trouve ton ancre un peu trop neuve malgré la peinture, elle gagnerait à recevoir (après décapage de la peinture bien sûr) un coup de patine antiquaire, ou de subir un vieillissement accéléré. Si décides d'en arriver là, tu peux la laisser un moment dans ton jardin exposée aux intempéries, la pluie et la pollution ambiante auront tôt fait de la doter d'une patine respectable que tu pourras figer d'un coup de vernis en bombe.

* Une si jolie coque mérite d'être mise en valeur par un ber un peu plus noble que l'actuel. En gardant le même principe d'une planchette avec quelques tétons maintenant la quille, je trouve que le ber devrait avoir à peu près la longueur du lest, et que surtout il devrait comporter une pente ou une petite cale habilement calculée pour que le pont soit horizontal. Ne te crois pas obligé d'utiliser du bois de rose, de l'ébène ou du palissandre, du chêne, du merisier ou du hêtre récupérés sur un vieux meuble feront très bien l'affaire. Evite quand même le bois de palette ou le sapin qui font vraiment trop cheap.

* Le tourillon de hêtre rend bien des services pour fabriquer nos espars, j'en fais une importante consommation. Pour rester dans l'esprit du bateau, il serait toutefois judicieux de le vieillir avant d'installer les voiles. Une teinture chêne moyen, chêne foncé ou noyer passée au tampon d'une façon volontairement un peu inégale, éventuellement quelques taches de noir de fumée ou de poudre de crayon estompées au chiffon, le tout recouvert d'un vernis mat en bombe, donneront l'impression que la mâture est d'origine et a séjourné plusieurs siècles dans un grenier, et feront oublier qu'elle vient en fait du Bricomachin du bout de la rue.

* Enfin, je soupçonne fort que ce petit frère du célèbre langoustier de la même marque ne naviguera pas mieux que lui, c'est à dire avec des performances nautiques voisines de celles d'un sabot. Ne sois pas déçu par son comportement sous voiles, il te donnera beaucoup plus de plaisir à le contempler sur une étagère qu'à le voir se traîner en crabe sur un plan d'eau et se coucher à plat à la moindre risée sans progresser d'un pouce.

Bonne continuation