De l'optimisation des NILLOP 0,75

Vu que ces sympathiques bateaux ont un excellent potentiel de vitesse...mais que, excepté la goélette (qui est un cas à part  tant par la rareté que par la conception) ces voiliers (en principe régatiers et aptes à la remontée au près) ont des tendances à âtre ardents, j'ai cherché des correctifs pour les rendre utilisables sur des bassins un peu tordus comme le Luco.

Le Petrel a un faux gouvernail fixe...ben je lui ai rajouté un pseudo gouvernail tout aussi fixe (en laiton plié et soudé et facilement démontable donc muséologiquement correct) sur le tableau arrière et çà améliore bien les trajectoires, j'ai aussi fait des petites modifications qui permettent au foc de mieux changer d'amures (non seulement çà ne coince plus sur le mât mais j'ai aussi éliminé un blocage au niveau du pivotement du balestron sur sa fixation) et j'ai installé un fil métallique et des crochets type agrafes de soutien-gorge pour rapprocher le guindant de la GV du mât.

Le balestron de foc qui coince au virement de bord, c'est courant sur les Petrel et les Cormoran c'est récurrent dans les posts des propriétaires de NILLOP  (voir ici, par exemple  https://voiliercanotancien.forumactif.org/t938-mon-nillop-petrel) : En fait il y a deux causes.

1° côté point d'écoute le balestron vient bloquer sur le mât (c'est calculé très juste). Le remède est assez simple, il faut dévisser le piton d'écoute (qui est dans le prolongement du balestron et le mettre en dessous (on gagne presque 1Cm) . Comme il faut fixer -avec une aiguille et du fil- le point d'écoute du foc sur le balestron, on remplace le piton par une vis et une rondelle-cuvette (çà rajoute seulement 1mm) à l'ancien emplacement du piton...un peu de matelotage genre erseau-surliure et c'est bon.

2° et moins évident à corriger:  La fixation au point d'amure crée des blocages: en effet vu la simplicité bien connue des NILLOP la drisse de foc fait aussi fonction d'étai pour la tenue du mât et la tension passe par le galon du guindant de foc.

A l'étrave il y a un piton et une "ferrure" qui n'est autre qu'un des fameux tendeurs Nillop en fil électrique mais dont la boucle basse n'est pas bouclée mais ouverte en crochet. (Sur certains NILLOP c'est du fil dénudé ou de la tringle de laiton recuit qui est utilisée, ce qui vaut mieux car nettement plus de jeu à l'articulation avec le piton avant du balestron.)

Le souci est le suivant: la boucle du milieu du tendeur est dans le plan vertical, mais quand on raidit la drisse, vu que le foc est fixé d'un seul côté du piton, ben le piton du balestron veut se mettre aussi dans le plan vertical et çà s'imbrique en empêchant l'articulation de jouer correctement. D'abord il faut couper la surliure de fixation du foc et la refaire intelligemment, c'est à dire en faisant une boucle sur le côté bâbord du piton , puis une sur le côté tribord , 3 ou 4 fois de suite, le tout bien équilibré, puis de terminer avec des tours sur la tige du piton et des demi clés, du coup la boucle du piton reste à l'horizontale et çà fonctionne bien mieux.

Je me suis contenté de çà sur le Petrel, mais sur le Cormoran, j'ai installé un étai indépendant de la drisse et j'ai mis un petit anneau soudé en tringle de laiton entre le piton de balestron et la "ferrure avant" (principe du cardan à double articulation). Dans un cas comme dans l'autre j'ai un foc qui passe à tous les coups, même si çà rase le bas du mât.

Le Cormoran, plus sophistiqué (fonds en Vé) est tout aussi ardent, il a le même type de gréement que le Petrel mais aussi un gouvernail mobile sur des crans.

J'avais tenté d'installer un système croissant de  Braine à la place de ce gouvernail (avec un nouveau gouvernail en laiton à la place de l'ancien) mais c'était un peu compliqué : les écoutes agissaient en bout de bôme et non en milieu et les écoutes n'étaient pas croisées vu le retour de l'arrière...

Ca améliorait les choses mais le bateau restait ardent, si bien que j'ai changé mon fusil d'épaule en m'inspirant de l'autre NILLOP de course, le Jauge 1M Alcyon qui a un safran sur le tableau arrière.

J'ai donc crée une lame de safran en contrecollé aluminium, contreplaqué multiplis genre aviation, j'ai installé le secteur de Braine sur la tête de gouvernail.

Ce safran est monté sur aiguillot et fémelots (juste 2 vis sur le tableau arrière et 2 pitons de guidage de l'écoute déplacés sur les plat-bords) C'est donc réversible et çà ne dénature pas le bateau et avec un safran sur le tableau, le guidage du bateau est bien meilleur (moins ardent)

L'essai s'est fait par pétole en compagnie du TOM THUMB (qui a aussi un gouvernail automatique simplifié) et le simple report du (2°) gouvernail (le gouvernail d'origine en bois a été remis en place et calé au centre) au tableau arrière donne des trajectoires très propres.

Le fonctionnement du Braine a l'air nettement plus réactif (montage "orthodoxe")


C'est à réessayer avec plus de vent mais je pense que c'est vraiment meilleur, on n'est plus obligé de sur-border le foc pour limiter les coups de lof...la suite au prochain essai

Vu la pétole, j'ai même dû emprunter les bottes-waders à la cabane des gardiens pour aller récupérer mon joujou ...Pour le dernier quart d'heure avant le coup de sifflet de fermeture, j'aurais dû m'abstenir de le relancer mais comme il glissait plutôt mieux que les bateaux de location j'ai tenté ...et j'ai perdu!

Il y a une autre raison au coup de lof à la risée sur ces bateaux :C'est la prépondérance de la Grand - voile, deux fois et demie plus grande que le foc, avec une bôme longue par dessus le marché

On a un plan de voilure assez ramassé , beaucoup moins élancé que les racers modernes sur lesquels le foc est presque aussi grand que la GV (dans les 75%) et avec des bômes courtes (c'est une conséquence de la Jauge JO75, très simplifiée qui est publiée sur le Facebook du club du Luco , pour laquelle le bateau doit tenir dans un cadre de O,75 de large (longueur HT du bateau) par 1M10 de haut (de la quille à la pomme du mât).

Si on raisonne en dynamique,à l'instant zéro la risée frappe dans les voiles avant que le bateau ne commence à avancer et donc que la quille (qui fonctionne comme une aile d'avion, mais dans l'eau) ne commence à accrocher...du coup le bateau commence par pivoter au lof avant de démarrer (tout en gîtant , ce qui accentue le lof sur les carènes plates.

On a l'impression de voir un débutant en train de relever la voile sur une planche à voile des années 80 qui avaient des voiles très ramassées et des wishbônes très longs...avec la voile demi relevée (Aïe! mon pauvre dos!) et le point d'écoute encore bloqué dans l'eau la planche partait impitoyablement dans un lof au point fixe (et M..de !  Quel sport à la C..!!! et moi qui croyais épater les filles sur le bord de la plage, là elles se moquent de moi, les garces!,j'y crois pas! vivement que je me mette à la pétanque!!)

J'ai un plan d'un vrai racer des classe 1M (ou 1040) années 50 , le Mousse de Horace Boussy, contemporain de l'Alcyon Nillop (Il est le "gagnant de la Coupe de Printemps 1954, quel palmarès!"...il a une bôme courte et un bon bout de plage arrière dégagée (pour installer un Braine ou un Vane gear)..et les bateaux avec des Vanes ont souvent un arrière pointu et bien dégagé du gréement pour que la girouette de Vane reçoive un air non perturbé.

Son plan de voilure se rapproche des racers modernes, bien plus élancé que celui des NILLOP JO75 ...et même du plan de voilure de l'Alcyon qui est plus traditionnel, plus ramassé et une bôme relativement longue, en ligne avec ce qu'on trouvait sur les bons voiliers de course croisière Marconi en contreplaqué de l'époque des mâts en bois qu'on évitait de faire trop hauts pour des raisons de solidité .

Ceci dit, avec son  gouvernail à grande pale, nettement basculée sur l'arrière et monté sur le tableau arrière, l' Alcyon doit réagir assez sainement sans trop embarder, si le Braine est bien réglé.

Aujourd'hui , vent frais à fort au Luco...et comme c'est dimanche matin les maquettistes sont de sortie.
En cours d'essais (c'est sa 1° sortie) il y a un bateau baptisé  le Compliqué ...à juste titre.

Il est copié sur les coureurs d'océan les plus modernes (Mini 6,50 ou Vendée Globe ou encore dernière mouture des Figaro) : Double safran, cul large comme une porte de grange , quille basculante, dérives latérales réglables en marche, un immense foc sur un balestron coudé (pour passer par dessus le rouf) du carbone comme s'il en pleuvait, et une radio qui doit gérer le basculement de  la quille , les dérives, les feux de route (car il y en a!)en plus des fonctions habituelles de barre et d'écoute...

Le poste de radiocommande doit avoir plus de canaux que Bruges,Venise et Amsterdam réunies...mais bon quand on aime, on ne compte pas.

Mais vu la météo et sa voilure impressionnante (le balestron dépasse franchement de l'étrave histoire de stabiliser la bête au vent arrière et la grand voile a une corne très marquée, façon planche à voile de slalom) , le skipper peine à contrôler la bête, qui parfois enfourne spectaculairement.

Après avoir confié mon Pen-duick et mon 420 à l'aimable surveillance de la loueuse je grée le Cormoran Nillop (en laissant la cabine à terre par prudence ).

Au début c'est assez désastreux, vu les conditions mais le vent baisse un poil et les rafales se font moins agressives...et je progresse dans les réglages.

Au début c'est tout pour calmer les auloffées: Quête avant impressionnante , foc un poil plus  bordé que ce qui est aérodynamiquement correct, élastique de Braine détendu à bloc, écoutes en bout des cornes...çà marche mais il y a des embardées (les bateaux de location se couchent complètement, pas courant du tout) et le Compliqué enchaine les figures libres et les distribils variés.

Quand éole devient un poil plus raisonnable, bé , ma foi , çà marche vite et bien, mais çà a tendance à empanner dans les molles, signe qu'il faut reprendre un peu les réglages du Braine (moins d'élastique, 2  trous de moins sur le croissant pour chaque écoute...)...pas facile de domestiquer ce Cormoran, ce n'est ps un bateau qui trace tout seul, comme le Raspail, le 420 , le Pen Duick et les bateaux de location, avant de lui courir après autour du bassin , il faut faire comme les militaires, ne pas se précipiter pour exécuter l'ordre , attendre plutôt le contrordre mais bon, c'est quand même enfin un bateau utilisable qui trace gentiment...Petit regret, j'aurais dû amener la majestueuse Goélette qui doit aimer ce genre de temps ...mais bon, il faut faire des choix, une fois qu'elle est dans le sac , il n'y a plus de place pour un autre bateau, et pas même pour un cure-dent
a plus de

Et pour finir: La cerise sur le gâteau...: pas une goutte d'eau dans la coque, étanche comme une bouteille de vieux Whisky

Bonsoir à tous ,
Bravo Laser pour avoir braver les éléments déchaînés.
Il faut vraiment que je passe au Luco un dimanche matin mais avec de biens meilleures conditions de température.
Une question on peut naviguer en semaine au Luco ?
Mon fils m’a posé la question pour préparer une sortie familiale.
Hubert

Oui, le bassin est un espace public ouvert tous les jours aux heures du soleil.

 Les mercredis et week ends il y a de la location de voiliers de bassin (ils sont excellents, très bien conçus et très solides ) l

Les maquettistes et les propriétaires de bateaux privés craignent parfois les chocs et les rencontres un peu brutales (36 bateaux de location quand tout est loué çà rend le plan d'eau plus qu'animé),ils viennent de préférence le dimanche matin ... moi çà ne me dérange pas , il faut accepter quelques aléas si on navigue...

A savoir, le Club Nautique du Luco laisse en permanence une paire de bottes "waders" à la guérite des gardiens là où se poste le loueur (utile en particulier aux sous-mariniers qui perdent leur bête)et on peut aller demander une longue ficelle au poste des gardes si un bateau reste collé sur la fontaine à l'heure de la fermeture.