L'échappée belle d'un très joli canot ....

Surprise en arrivant ce matin à la hauteur du Bassin Paul Vatine , au Havre ( 76 ) , le Bassin n'était plus désert les jolies lignes d'un canot errant évadé se dessinaient au milieu de ce plan d'eau :

J'en viens à soupçonner le fugueur d'avoir filé à l' Anglaise depuis le BELEM ....


Ce qui pourrait être une piste car ses bossoirs tribords sont libres ...Et qu'il est dans le bassin de l'Eure juste à côté , un petit vent venu du large , donnant de l'ouest vers l'est aurait suffi à pousser le canot à prendre la poudre d'escampette et à passer sous le pont des Docks qui délimite les 2 bassins .





En repassant dans l'autre sens , je prend le temps de détailler la jolie embarcation :


Ce canot a largué les amarres ...



Mais c'est un vrai petit bijou , mis à l'eau sans gouvernail , et qui peut arborer une voile 

Vu le tableau , la piste du BELEM semble la plus probable ...

Et portant , renseignements pris , il ne leur en manque pas , le second étant posé sur le pont et le " bâbord " n'est pas du tout identique au fugueur .



Détail du nez avec sa très jolie découpe de peinture , et ses rames :




A l'arrière de l'annexe du Belem , on note la tête ronde du mât replié à l'aplomb du gouvernail .



Voilà donc deux très jolis modèles que Zigomar65 pourrait nous reproduire à l'échelle pour accompagner nos vaillants voiliers à la bonne échelle .

Comme ici un Cotre Pilote , Hirondelle de la Manche , aux couleurs des bateaux Pilotes du Havre avec son annexe :

Message reçu, en vacances cette semaine. Je me pencherait sur ce projet d'annexe à mon retour.

Le p'tit canot fugueur est plein d'eau...pluie ou eau de mer, va savoir...les bordages à clin sont supposés se passer de calfatage mais bien souvent il faut commencer par les laisser mariner dans l'eau pour gonfler le bois et les rendre étanches...à l'époque où les chaloupes de sauvetage étaient ainsi faites , les malheureux naufragés se tapaient de monstrueuses séances d' écopage sur des bateaux de sauvetage qu'on avait négligé d'entretenir et d'arroser régulièrement...

Et quant à la "Pilotine" l'annexe du cotre pilote du Havre, il fallait avoir une sacrée science de la voile et de la manoeuvre pour "servir" un gros navire par mauvais temps à l'ouvert de la Manche..

les "Hirondelles" naviguaient avec un équipage ultra réduit  de 4 hommes (ou plutôt 3 et demi) à l'aller (pilote, second, matelot et mousse ) et de 2 et demi au retour. Le passage du pilote et la récupération de la pilotine donnait lieu à un ballet d'empannages et de manoeuvres parfaitement chorégraphié (hors de question que la pilotine et son unique matelot puisse remonter le vent une fois le pilote à bord du navire de commerce) ...et bien entendu la pilotine était équipé d'une grosse quantité de défenses en cordage tressé (bourlingues, badernes et autres) pour ne pas se défoncer contre le grand navire...Les pilotes havrais ou ceux de Bristol ont aussi été les premiers champions de régate du Yachting naissant...pas par hasard!

Bonjour LASEROLOGUE , bonjour à Tous ,

De retour chez moi , j'ai continué à chercher , j'ai appelé Jacques Lavigerie , le Pdt de l' Asso qui gère le Cotre Pilote " Marie Fernand " ( 1894 ) , après description et envoi de 3 photos ,  la fugueuse est identifiée , il s'agit de la Pilotine du Marie Fernand . Elle a retrouvé sa place sous le beaupré de son père .



Pour souligner ta remarque sur les embarcations qui prennent l'eau " Koatulas " ( que j'avais surnommé " joint de culasse " vu ses passages d'eau , il fallait être 2 à manœuvrer et 2 à écoper en permanence pour espérer ne pas finir sur le Nautilus !  )

Le voici , joli sous voile entrant dans le port du Havre dans le sillage du Cotre Pilote " Marie Fernand "  ( 1894 ) :



La Pilotine était sur le pont à l'envers, elle n'est que rarement embarquée pour se déplacer dans le port pendant les grandes manifestations ...

Lors des 150 ans de la SRH il y a eu un vire vire de plusieurs heures par vent assez frais et Marie Fernand a été battue à plate couture par Jolie Brise et son équipage d'anglais , plus entraînes et surtout plus réalistes, qui n'ont pas grée le flèche (ceux de Marie Fernand ont du l'affaler en catastrophe et ont perdu un temps fou...moi j'ai fait le parcours un peu tout seul de mon espèce avec mon Laser (il y avait juste une pincée de Snipes comme autres dériveurs)...le soir même au cours de la cérémonie de remise des prix, au Palais des Régates enfin rénové(+ou-)  , on apprenait la mort de Tabarly ...Moi j'ai ramené une coupe et une 2° litho de Yannick Manier le mec qui avait décoré le Pierre 1° de Florence Arthaud avec un délire égyptien bleu et or (j'en avais déjà une autre, récoltée lors d'une interligue de Laser)...
Lors de la Remise des prix j'ai eu l'occasion de bavarder avec Damien Savaitier, ancien vainqueur de la Solitaire de lAurore et chef pilote du Havre...il m'a dit que ces très réputées "Hirondelles de la Manche" qu'on l'avait invité à barrer une ou deux fois "Ils croyaient me faire plaisir", qu'il a dit ... sont des engins extrêmement lourds suivant les standards actuels des plaisanciers modernes et qu'il faut énormément anticiper mes manoeuvres sur ce genre d'engin  dans un contexte de régate en flotte...
Ca n'enlève rien à leur élégance...

Jolie Brise ( ex H 6 de 1913 ) est effectivement le plus rapide de toute la série des Hirondelles de la Manche , c'est logique d'ailleurs ... Quand le Marie- Fernand est sorti en 1894 , c'était le plus rapide de tous , il a remporté la fameuse Régate des Pilotes quelques semaines après son lancement , chaque nouveau Cotre était meilleur que le précédent , et donc , Jolie Brise dernier de sa lignée qui s'éteindra avec la Première Guerre Mondiale représente la quintessence du Cotre Pilote du Havre , plus grand et aux lignes plus fluide , il est le seul à avoir remporté 3 fois la Fastnet , et encore aujourd'hui il est toujours premier ou second sur les " tall ship race " ce n'est pas pour rien que son plan est le plus utilisé pour le Modélisme , les 19 ans d'écart avec le M-F ne pardonnent pas ...

Lancement du Jolie Brise en 1913 , LE HAVRE  ( 76 ) :



Le Fastnet 

Sans être méchant, et pour les avoir tous les deux observés en régate (autour de 3 bouées et donc avec beaucoup de manoeuvres) bord à bord avec eux du haut (ou plutôt du bas ) du franc bord nettement réduit de  mon Laser pendant quatre heures durant, l'équipage anglais de Jolie Brise était largement plus entraîné et coordonné que celui de son adversaire.
Ca compte, et pas qu'un peu quand on n'est pas sur une course croisière de plusieurs centaines de milles mais sur un circuit de quelques bouées entre la Hève sainte adresse et le chenal des cargos

Les anglais disent : "It is not the ships, it's the men in them" à quoi répond le dicton français qui dit exactement la même chose avec d'autres mots: "Tant vaut l'équipage, tant vaut le navire".

A haut niveau et même dans une classe monotype aussi serrée que le Laser (même moule, un seul fournisseur de voiles , tout ce qui n'est pas expressément permis est interdit...) il y a des petits malins qui se vantent d'exploiter les écarts (absolument infimes) des tolérances de fabrication, mais ils se trouvent fort dépourvus dans les grands championnats quand on court avec des bateaux neufs, loués pour l'occasion et tirés au sort.

Pour ce qui est de l'équipe autour du Marie Fernand , il faut dire que ce sont plutôt des sorties promenades , souvent annulées pour cause de skipper et équipiers compétents en sous effectif , alors que les Anglais régatent à tout va dans un état d'esprit compétition , mais les caractéristiques techniques sont largement à l'avantage de Jolie Brise qui a été revisité dans les années 20 pour en faire un avion de chasse , alors que le Marie Fernand , classé au Patrimoine est un vieux gréement entretenu et ménagé pour qu'il dure le plus longtemps possible , ce n'est pas comparable .



Marie Fernand ( H 23 ) de 1894 



Jolie Brise ( ex H 06 ) lancé en 1913 , souvent cravaché ...

C'est le gros souci : conserver ou naviguer: les anglais naviguent (et parfois cassent ou coulent (le Jester de Blondie Hasler, le dernier Gipsy Moth de Chichester, tous deux détruits en course, le Hoshi , la goélette de l'Island Cruising Club de Salcombe, quisiment coupée en deux au cours d'un abordage et le Nicolette du même club coupée en deux et coulée par un chalutier français devant les sables d'Olonne...) . En France on conserve et on ne navigue que peu (j'ai quand même pu faire le zozo, et même dessaler  avec le 470 médaillé et classé monument historique  des frangins Péponnet sur la Seine à Ablon) ...il y a des honorables exceptions , l'Hermione est hors classe, un e dame de ma connaissance a aussi réussi à charmer un amiral pour envoyer l'Etoile etla Belle Poule (non , je n'ai pas dit les poils et la belle moule)jusqu'en Islande (faut le faire..charmer un amiral)  mais le Clapotis, l'abus de biens sociaux de messieurs les ingénieurs des Phares et Balises de La Rochelle-Oléron , sauvé de justesse (je l'ai connu pourrissant à Boyardville quand j'étais gosse) est une honorable exception...

Quand j'ai récupéré une jolie coque artisanale des années 20 chez un maître voilier quasi centenaire (il ne restait que la coque et le pont, avec bouge et tonture) je l'ai restauré façon Clapotis en hommage à ce très beau bateau à peine plus récent que Jolie Brise et qui tout en jouant les poseurs de perches de balisage dans les parcs à huitres des coureaux d'Oléron durant la semaine régatait et gagnait le dimanche

Le site du Clapotis (ils construisent même une maquette de 4 m de long), il est en chantier à Rochefort, mais sinon , il trace son sillage, assez loin et même par conditions météo assez velues https://sb-clapotis.fr/

Et mon pseudo Clapotis (presque contemporain du vrai), restauré en parallèle avec un NOVA 45
https://voiliercanotancien.forumactif.org/t1303p50-nova-45-5cm?highlight=nova+45...
A peine restauré il a vu son gréement massacré par un cygne barjot et agressif au bois de Vincennes mais bon il est de nouveau opérationnel