Pim Pam Poum

par Corwwin Dim 15 Jan - 23:22

Bonjour à vous hardis navigateurs

L’été dernier, lors de ses vacances en Bretagne, un mien neveu offrit à ses enfants deux petits Tirot, afin que ses bambins jouent dans les flaques à marée basse. Il fut immédiatement très déçu et frustré de constater que ces bateaux refusaient absolument de naviguer et ne se complaisaient qu’en position couchée. Pour le réconcilier avec les petits bateaux et faire découvrir à ses enfants les plaisirs de la navigation, je me suis mué en lutin du Père Noël, et me suis lancé dans la fabrication de 3 voiliers capables d’affronter les flots et de se déplacer élégamment sous l’effet de la brise. Sans vouloir en faire des copies, je me suis inspiré des formes du NOVA N°7 et du VG 50 pour démarrer ce projet.

par Corwwin Dim 15 Jan - 23:27

Tout d’abord, une première esquisse a permis de définir les lignes générales.

La version retenue est une coque de 50 cm, taille suffisamment grande pour obtenir de bonnes performances nautiques, tout en restant facilement transportable, même avec le gréement monté. Comme ce bateau est destiné à de jeunes enfants, les réglages doivent être réduits et simples, ce qui conduit à un gréement de sloop sans flèche, de surface assez réduite pour se comporter honorablement jusque force 3.

par Corwwin Dim 15 Jan - 23:29

Une rapide modélisation 3D et quelques calculs élémentaires permettent un premier dimensionnement de la voilure et du lest.

La comparaison avec l’Ailsa 22, qui est mon meilleur marcheur, permet d’éviter les plus grosses erreurs et de trouver le meilleur équilibre entre lest et voilure.

par Corwwin Dim 15 Jan - 23:35

L’étude étant terminée, il est temps de passer à la réalisation. Pour différencier ces 3 sisterships*, je les ai baptisés Pim, Pam et Poum (que j'ai préféré à Groucho, Harpo et Chico).
* En français, on devrait dire brother ships, mais les Grands-Bretons, qui ne font rien comme tout le monde, ont décidé que les navires et bateaux étaient systématiquement féminins.

J’ai pu trouver une bûche de bonne taille qui séchait depuis plus de 20 ans, de laquelle j’ai tiré Pim et Poum.

Première étape : le fendage. Faute d’avoir retrouvé mes coins dans le foutoir ambiant, j’ai utilisé une hachette sans manche pour la séparer en deux. Je l'ai trouvée facilement, car elle attend depuis 10 ans sur l'établi que j'aie le temps de lui remettre un manche.

par Corwwin Dim 15 Jan - 23:41

Pam, quant à lui, vient du tas de bois de chauffage, qui n’a que 5 ans de séchage.

Petit jeu : Où est Charlie ? Dans ce tas, saurez-vous retrouver Pam ?

par Corwwin Dim 15 Jan - 23:44

Solution : Pam est là ! (Comme disait mon copain Anderson)

On peut déduire de son emplacement que je suis sorti brillament vainqueur de l’escalade du tas de bois par la face Nord, ce qui n’a pas été sans risque.

par Corwwin Dim 15 Jan - 23:47

Quelques judicieux coups de massette plus tard, voici notre brut de départ.

par Corwwin Dim 15 Jan - 23:50

Il faut ensuite quelques heures de dégauchisseuse pour dégrossir une ébauche au profil, sur laquelle on trace la forme de la coque. Un gabarit en carton permet (en principe) d’obtenir 3 formes identiques et symétriques.

par Corwwin Dim 15 Jan - 23:52

Les ébauches sont ensuite travaillées à la dégau et au rabot électrique pour les amener à la forme désirée.

par Corwwin Dim 15 Jan - 23:59

Finalement, on arrive à obtenir des blocs qui commencent à ressembler à une coque.

Les ébauches terminées. On notera l’impressionnante quantité de copeaux générés par l’opération, ce qui permet accessoirement d'allumer la cheminée pendant plusieurs mois.

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:01

On peut alors évider l’intérieur, en commençant par délimiter la zone à creuser..

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:04

Après creusement et finition de l’extérieur à la ponceuse à bande, nous voici en possession de 3 coques de belle allure.

De gauche à droite : Pam, Poum et Pim. Malgré tous mes efforts, je n’ai pas réussi à ce que les coques soient identiques. Les trous serviront à passer les vis de fixation de la quille.

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:07

Côté intérieur, je n’ai pas voulu être trop extrême pour conserver une certaine solidité sans être obligé de poser des couples de renfort. Les parois sont de l’ordre de 8mm, pour garder assez de matière pour implanter les vis de fixation du pont, et les fonds de 12 à 15mm. Le poids des coques est alors voisin de 600g.

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:10

J’ai découvert récemment l’outil idéal pour creuser les coques, plus précis et beaucoup moins dangereux que la lame à dents carbure que j’utilisais auparavant.

Avec un peu de soin, il doit être possible de diminuer les épaisseurs jusqu’à 4mm, ce qui pourrait descendre le poids autour de 400g. Pas mal pour des coques monoxyles, n’est-il pas ?

Voici cet outil, acheté pour moins de 50€ sur un site bien connu. Le seul inconvénient est la durée des batteries, qui n’excède pas 10mn en utilisation continue. Je me suis donc offert 3 batteries supplémentaires, ce qui permet de creuser quasi entièrement une coque sans attendre les 3 heures nécessaires à la charge.

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:12

Il est temps maintenant de passer aux quilles, découpées dans du contreplaqué de 15mm, profilées à la ponceuse à bande et ajustées à la courbure de la coque. L’utilisation de contreplaqué permet de bien visualiser les épaisseurs et facilite l’obtention de profils symétriques.

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:18

On peut maintenant entreprendre le premier test de flottaison. Le principe est simple : on charge petit à petit la coque et on mesure le franc-bord correspondant. Ceci permettra de définir le déplacement RTR, et donc le lest maximum que la coque peut supporter. Pour l'occasion, la quille est simplement vissée, en intercalant des joints de robinet sous les têtes pour interdire toute entrée d'eau intempestive.

Voici le résultat des essais.

Pam, un peu plus fluet que ses frères, devra se contenter de 421g de lest et flottera un peu plus bas sur l'eau.

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:20

Les lests en plomb de type médaillon sont coulés dans un moule en bois fabriqué pour l’occasion. Je réserve l’utilisation du plâtre, beaucoup plus long à mettre en œuvre et qui demande au moins une semaine de séchage, aux lests torpille impossibles à couler dans ce type de moule.

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:21

Même s’il se dégrade rapidement, le moule permet de couler les 3 lests nécessaires.

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:23

Les quilles sont ensuite évidées pour recevoir le lest. Le pli extérieur du contreplaqué est conservé sur une face, ce qui facilite le coulage de la résine et réduit le ponçage de finition. Je voulais initialement couler le plomb directement dans les évidements, mais un essai m'a vite fait réaliser que c'était impossible, car le plomb en fusion détruit la mince couche de bois qui subsiste.

Les 3 coques avec leurs quilles et leurs lests. (de G à D, Poum, Pam et Pim) A cause d’un faux mouvement, j’ai traversé sur l’une d’elles la dernière couche de ctp, ce qui fait que Pim a une quille entièrement évidée. Les observateurs attentifs auront remarqué que les poids ont diminué d’une trentaine de grammes par rapport à la phase précédente, car je me suis offert une séance supplémentaire de tronçonneuse pour réduire l’épaisseur des fonds et ainsi gagner un peu de poids.

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:41

Il ne reste plus qu’à poser les lests dans leur logement et à noyer le tout dans la résine, afin de solidariser fermement le lest et d’isoler le plomb du milieu extérieur de manière définitive.

Voici le résultat, assez inattendu après un petit accident de cuisson. Pour diminuer le temps de prise de la résine, j’ai mis les quilles dans le four de la cuisine, après bien sûr en avoir respectueusement demandé l'autorisation à mon épouse. Mais cette andouille de four a décidé que le réglage de 40°C que j’avais programmé n’était pas suffisant, et il s’est remis de lui-même à sa position habituelle de 180°C dès que j'ai tourné le dos. Il n’a pas compris que mes quilles, c’est pas du poulet. Le bois n’étant pas structurellement dégradé, j’ai tout poncé, repassé 2 couches de résine et tout est rentré dans l’ordre.

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:47

Pam avec sa quille vissée et collée. Il ne lui manque que le pont pour pouvoir subir son test en bassin de carène en configuration définitive.

par Corwwin Lun 16 Jan - 0:56

Les ponts, découpés dans du ctp de 3mm, sont vernis à 3 couches et munis de renforts aux endroits stratégiques.

Les cadènes et les filoirs d’écoute en fil de laiton de 15/10 sont traversants, repliés et collés côté intérieur.

En plus des renforts au droit des filoirs et du mât, deux raidisseurs évitent au pont la tentation de se déformer.

par Corwwin Lun 16 Jan - 1:00

La coque est équipée d’une épontille soutenant le mât, et têtes des vis de fixation de la quille sont noyées dans l’Araldite pour les protéger de la corrosion.

par Corwwin Lun 16 Jan - 1:06

Apuka fixer le pont sur la coque pour pouvoir faire le deuxième test de flottaison et confirmer la position du centre de dérive avec le coup du crayon. (Que je rappelle avoir expliqué dans mon post " Renaissance")

Chargé d'un poids de 110g correspondant au poids estimé de la voilure, le franc-bord est de 38mm à l'avant et de 23mm à l'arrière, ce qui correspond aux prévisions. J'aime quand les choses se déroulent comme prévu.

par Corwwin Lun 16 Jan - 1:09

Le voici entièrement gréé avec sa voilure provisoire en calque polyester, prêt pour sa première navigation dans le grand bain.

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