TOM THUMB (alias Tom Pouce) des années 30

Acheté un poil cher en compagnie du Bowman , c'est un bateau que le précédent proprio avait chiné en Angleterre , il est plutôt petit (40 Cm) assez léger, 880 g contre + ou - 690g au 420 Jep et au AILSA 19 , quillé en tôle fine (qui ploie un peu), bien lesté , visiblement il a été réalisé par quelqu'un qui s'y connaissait (construction en 2 tranches , très creusée, petit accastillage avec une profusion de mini bittes d'amarrage un peu envahissantes, fausses lattes de pont...) 

Il y a un mini gouvernail tout laiton, séparé du voile de quille, avec un trou dans la barre, ce qui comme les deux filoirs au droit de la barre suggère une gouvernail automatique pré Braine.

C'est un travail d'artisanat populaire éclairé de belle qualité et qui doit dater des années 30.

Quand je l'ai eu le mât était cassé (avec un manchonnage en tuyau cuivre de plombier et des voiles pas fameuses, mal coupées , point d'écoute trainant sur le pont ou presque et vieillies a thé mais un thé très macéré, couleur maronnasses, avec des ourlets pas terribles...)

Je n'ai pas touché à la coque mais j'ai tout refait question mât (retaillé dans une récup de mon Raspail et vieilli au brou de noix), de la laitonnerie un peu partout  

J'ai dû réaléser un micro poil la bague d'étambrai en cuivre (qui devait être un article de plomberie modifiée, il y avait de l'étain sur l'alésage) baguer le mât avec un bout de tube laiton et refaire tout un accastillage, dont une sorte de ferrure spéciale sur la barre pour prendre les écoutes de Braine et l'élastique de rappel.

J'ai simplifié le haubanage (le mât a un clou qui s'implante sur un trou au fond et les 3 paires de haubans sur cadènes  sont franchement inutiles) et fait en sorte de pouvoir dégréer le mât pour le transport. Mes voiles ne sont pas parfaites (la machine à coudre va partir à l'entretien, elle déconne, mais elles sont préférables aux précédentes...et sur l'eau , ben on verra...

Sitot pris , sitôt pendu...essai au Luco  en compagnie de 2 bateaux équivalents ( +ou- ) le Ailsa 19 et le 420 Jep...

Au début , avec un réglage moyen sur un parcours de vente de travers , échec total : Le 420 JEP détale (c'est une pure merveille surtout quand il n'y a pas d'eau dedans) le Ailsa (dont j'ai rentré le point d'amure du foc sur le beaupré pour le rendre plus ardent, ou plutôt moins mou) suit le mouvement, presque aussi vite...et le TOM THUMB reste planté ou presque : lof , virement de bord, re-lof, re -virement de bord ...et il finit dans la zône déventée après un complexe louvoyage à bords très courts façon contrôle tactique...

Je laisse le 420 entre les mains de 2 gamins asiatiques très polis et de leurs parents (c'est mercredi, il n'y a pas de loueur et tous les mômes me suivent comme si j'étais le joueur de flûte de Hamelin...drôle d'impression) et j'entreprends de re régler le TOM THUMB tout en surveillant le AILSA et en réglant le Tirot 40 Cm flambant neuf  qu'un papa est venu m'apporter suite aux requêtes de ses gamins qui , pas l'oeil dans la poche , ont remarqué que leur cadeau de Noël se fait tailler un short par mes bateaux...

Pour le Tirot où tout est bordé plat, c'est simple:  choquer un poil le foc (en plus les écoutes de foc empêchent de déborder la bôme ) choquer généreusement la grand voile , tourner proprement des noeuds sur taquets avec  des demi clés croisées (les taquets sont le seul truc valable sur les Tirot on peut s'en servir pour bloquer correctement une manoeuvre courante alors que les taquets des NILLOP...mieux vaut ne pas en parler..

Une fois débarrassé du Tirot (qui avance enfin,quoique à un train de sénateur) je borde quasi  plat le foc du TOM THUMB , je choque généreusement la Grand-voile et je mollis l'élastique de rappel de la barre...et là c'est très correct, au point de vue trajectoire mais on sent qu'il y a du boulot: à la risée le bateau loffe, puis abat quand le gouvernail automatique se décide à agir et finalement trace gentiment sans plus , presque droit...

Il y a une vraie différence entre un bateau naturellement équilibré et un bateau à pilote automatique , j'avais déjà pu le vérifier en confrontant le Nillop Cormoran (fraichement équipé d'un Braine ) et mon Raspail, qui est une interprétation moderne des légendaires Paudeau avec des voiles auriques trèsbétalées en longueur et une quille fixe...les deux traversent le bassin sans virer mais là où le bateau à quille longue et centre de dérive reculé tire une trajectoire au cordeau le bateau à gouvernail automatique  fait du Tango -hésitacion et suit des trajectoires iun brin sinusoïdales autour d'un axe moyen..

J'ai réussi finalement à récupérer mes deux bons bateaux empruntés par des gamins et à les lancer avec le Tom Thumb re réglé au moins mauvais...les bateaux régatent un peu, le 420 se détache , le Ailsa finit par larguer le Tom Thumb et au final tout le monde arrive à peu près au même endroit...et je dois expliquer, gentiment, à tel ou tel touriste intéressé que non, il n'y a pas de radiocommnande, mais que çà fonctionne quand même...pas fait beaucoup de photos , pas le temps , mais bon, content quand même...

Merci Laserologue pour ce reportage.

C'est vrai que les "Raspail" sont de bons voiliers. Pour en avoir essayé 2 (40 et 50 cm) avec une amélioration de leur gréement ils taillent leur route sans problème.

Mon Raspail 60 Cm avait ses voiles d'origine (superbes et un peu lourdes mais très bien finies, à l'ancienne) en parfait état...par contre le collectionneur très "noble faubourg du 7°" qui l'avait et auprès duquel je l'ai payé un bon peu cher n'avait pas de compétences bricolesques et du coup le mât et le reste du gréement c'était assez lamentable (et en prime il y avait une ancre genre Marrel pour cargo qui était là comme un cheveu dans la soupe...)

Avec un pied de mât basculant, une pince Deffain à l'avant , un haubannage en inox manchonné et des espars en pin convenablement réalisés, plus qq tours de main de gréement pour enverguer proprement les voiles, ben c'est un excellent bateau de bassin, assez rapide et très stable sur sa route...même si le 420 JEP, un tiers plus court (en coque) va aussi vite .

Pour le TOM THUMB , il faudrait reporter le foc plus en avant avec un mini bout dehors...mais il y a une bitte d'amarrage entre le mât et l'étrave , en plein milieu, sans compter la ferrure d'amure de foc...donc pas évident du tout (un jouet des années 30 çà impose de e faire que des transformations réversibles...et en plus il faudrait faire un foc (encore un!) avec un point d'écoute plus relevé...je vais réfléchir à la question...en effet si la coque et les voiles ne donnent pas un bon équilibre de route de base, le pilote automatique est un palliatif, mais pas une vraie guérison...

Pour tenter de corriger les penchants au lof sauvage du Tom Thumb, je me suis résolu à le doter d'un beaupré, sans toucher à la coque ni à l'accastillage de la coque...

Pour l'instant j'ai toujours l'ancien foc mais dès que ma M.A.C. sera révisée, je lui ferai un foc plus grand et avec le point d'écoute plus relevé...ce bateau a une quille profonde et bien lestée pas de soucis, l'idée c'est d'avoir un bateau équilibré et de ne pas être obligé d'utiliser la ruse qui consiste à sur-border le foc pour éviter les coups de lof, au contraire j'espère que j'aurai un bateau ou la poussée du foc s'ajoute à celle de la GV au lieu de lui mettre des bâtons dans l'écoulement aérien.

Là çà a déjà été du boulot : deux mortaises rondes pour que le taquet-bitte d'amarrage entre mât et étrave s'escamote dans le beaupré, une mortaise pour coiffer la ferrure avant de la coque, une virole de cuivre par dessus pour renforcer (mais avec le trou de la mortaise) plus une goupille (retenue par un bout de cordage épissé en oeil) pour bloquer le beaupré sur la ferrure d'étrave.

Confection de deux autres viroles d'extrémité et installation de deux emplacements possibles de points d'amure, un passage pour l'écoute de foc (car l'ancien filoir sert désormais d'articulation de beaupré...bref du boulot.

Je ferai un essai avec le foc actuel et je déciderai ensuite de ce que je ferai comme foc définitif