Le "Redoutable" (1876 – 1910)

Bonjour amis du forum

Je vous présente mon prochain navire radiocommandé : le cuirassé de 1er rang « Le Redoutable ». Cette fois pas d’alexandrins, pas de décasyllabes, pas de lipogrammes comme dans mes autres présentations. 
Homme des extrêmes, aujourd’hui j’ai décidé d’être concis (peut-être pas dans mes textes mais au moins dans mes interventions). Je ne viendrai vers vous qu'une ou deux fois par mois, maxi, avec des photos et un commentaire en prose.

J’ai retenu ce navire pour plusieurs raisons :

1-Parce que j’adore les navires témoins d’une mutation, celle du passage de la vieille marine à voile vers la nouvelle marine à moteur ;

2-Parce que je souhaite construire mon premier 3 mâts RC ;

3-Parceque ce navire, à l'apparence si rétro, fut le premier à être construit en acier, à se livrer à des expérience de téléphonie ;

4-Parcequ'il opéra, notamment, en mer de Chine. Un endroit cher à mon coeur (voir ma canonnière du Tonkin de type Farcy et mon Glorieux de la guerre d'Indochine) ;

5-Parcequ'y navigua Pierre Loti, que j'aime beaucoup (et qui a une rue à son nom dans mon quartier ) ;

6-Parce que je veux donner un frère à mon Formidable (tous deux construits à Lorient) histoire de pouvoir les faire naviguer ensemble… en m’ efforçant de ne pas renouveler une mésaventure survenue le 13 novembre 1895, durant des exercices menés par nos cuirassés.

« Lorsque le tir au canon fut termine et les buts relevés, l'escadre fit route pour le mouillage de la Badine que l'on prenait en vue du tir des torpilles munies de cônes de choc, tir prévu pour le lendemain. Pour gagner ce mouillage, l'escadre faisait route à l'ouest, en ligne de fille dans l'ordre suivant Formidable, Marceau, Amiral-Baudin, Courbet, Redoutable, Magenta, Neptune; les bâtiments avaient le cap sur la pointe de l'Esterel, qui termine à l'est la presqu'île de Giens et se prolonge dans le nord par des fonds assez élevés qui en rendent l'accès difficile.

L'escadre était encore à bonne distance de la pointe, quand l'amiral signale « Ordre au bâtiment de tête de venir de 8 quarts (90 degrés) sur la droite et aux autres navires de le suivre par la contremarche. » Cette manœuvre devait, dans les prévisions de l'amiral, amener l'escadre en ligne de file, cap au nord, par les fonds de 12 à 13 mètres, à 2,000 mètres environ de la plage des Pesquiers; l'escadre devait mouiller dès que la ligne serait reformée à la nouvelle route.

Il est bon de rappeler que le signal précédent était fait à t'aide de fanaux électriques et que l'ordre prescrit devait être exécuté aussitôt l'extinction du signal. Or, les fanaux s'éteignirent bien au moment où l'amiral jugea qu'il était temps de commencer la manœuvre mais le Formidable, qui était entête, ne prononça son mouvement sur la droite qu'un temps notable après l'extinction du signal.

Le Marceau, L’ Amiral-Baudin, le Courbet et le Redoutable, qui suivent le cuirassé-amiral, viennent tourner dans ses eaux, ainsi que le prescrit le règlement. Mais, tout à coup, trois feux rouges s'allument en tête du mit de misaine du Formidable, ce qui, dans toutes les marines, veut dire que le bâtiment n'est plus maître de sa manœuvre.

Dans le désarroi général que provoque ce signal, le Marceau fait machine en arrière et, malgré tout, pour ne pas couper le Formidable en deux, il est obligé de venir sur la gauche; L’Amiral-Baudin sort de la ligne pour ne pas tomber sur lo paquet formé par les deux premiers navires; le Courbet, qui a le n° 4, fait en arrière. Enfin, le Redoutable réussit à se dégager ainsi que le reste de la ligne. »

Bilan 4 cuirassés sur sept sont échoués : Le Formidable, le Marceau, L’Amiral-Baudin, le Courbet !

A noter que j'ai commencé à construire mon Formidable en mars 2018 pour l’achever en juin 2019. Je pense achever mon Redoutable dans la même tranche de temps (1 an et 3 mois). Vous n'en avez pas terminé avec moi !




01 – Le Redoutable vers 1894


02 – Comparaison entre le Formidable en bas et le Redoutable en haut


03 – Découpe de la quille


04 – Un canon de 47 cm


05 – Réalisation du fichier stl pour une impression 3D




06 et 06b – Découpe de la quille dans un CTP de 10 mm


07 – Première série de canons réalisée en impression 3D




08 et 08b - Perce délicate du tube d’étambot au travers de la quille


09 – Début de la découpe des couples

Bonjour Didier , bonjour à tous ,

     Dis donc Didier , il va falloir bientôt que tu  déménages à Brest , toi et ton Armada ? N'aurais-tu pas rater ta vocation ? Tour à tour sous-marinier , Amiral de flotte de croiseurs , contre-torpilleurs etc........
     Bravo en tout cas , car ce début d'une naissance annoncée est superbe !!
                               
                                                Bien à toi                                    C-Y-P

Merci Claude, je rougis de plaisir.
Maintenant, si je devais migrer en fonction de mes bateaux, je choisirais Lorient. Le Formidable et le Redoutable ont été construits dans cette ville.

Bonjour à tous, 
En réaction ( et continuation) à la première raison de Didier sur le choix du Redoutable. La Marine nationale a connu une époque riche en diverses formes guerrières, souvent obsolètes à leur lancement.








Mon préféré


Et pour rire
Le Destin (1913)

Actuellement en vente sur EBay...
Cordialement,
JT

Bigre!
Le bateau de E Bay est intéressant...mais , comment dire poliment, le gréement de secours à 3 mâts est installé de façon étrange...


Cà a d'ailleurs toujours été le cas des bateaux de l'être de la transition voile-vapeur (et en particulier du très infortuné HMS Captain , naufragé en face de la Galice espagnole un jour, ou plutôt une nuit, que le golfe de Gascogne était en petite colère...

Les matelots appelaient fers à repasser les navires de guerre à éperon de cette époque...en particulier pour leur tendance à chavirer comme des canots de régate et à couler comme ds plombs.

Bonsoir amis du forum

La journée se termine et, pour respecter mon engagement (n'intervenir ici sur ce sujet qu'une à deux fois par mois maxi et me taire ensuite), je me dépêche de rajouter une 7ème raison à mon choix du Redoutable. C'est Bricolo qui nous a montré un jour, par erreur, une photo du Redoutable pensant qu'il s'agissait de mon Formidable.
Suivre le lien ici : https://voiliercanotancien.forumactif.org/t945p250-le-cuirasse-le-formidable-1885#16488
Une image qui, comme je le dis alors, me fit "froid dans le dos" :

Je précise que je vais reproduire la version 1889 de ce navire, cette photo nous le présente en 1881.

Bonjour Didier , bonjour à tous ,
Ouah !!! super ce projet je vais suivre avec grand intérêt j’ai dans ma tête la construction d’un tel navire mais j’ai toujours peur que ce soit trop compliqué et top long pour moi .
Hubert

Bonjour Didier44, bonjour à tous
Redoutable projet ! bravo !

Bonjour à tous! 
Quel beau projet! 
Il me fait prenser à mon premier modèle navigant, en scratch, bien sûr, du D612, le de Grasse, que j'avais vu pour la première fois en rade, à Brest, en 1973.

Ce projet est magnifique, avec le défis des formes de la coque.

Bonjour amis du forum

Aujourd'hui, vendredi 15 mars, est arrivé le jour de notre rendez-vous bimensuel. Le temps à la pluie s'y prêtant, j'ai beaucoup travaillé dans mon atelier, donc bien avancé. Ce qui ne m'arrange pas vraiment car j'aime musarder avec tous mes chantiers afin de les savourer en gourmet plutôt que de trop vite les croquer.

Ainsi, lorsque je construis un bateau, je m’immerge entièrement dans son histoire. Assez souvent je laisserai ici les images parler d’elles même et les illustrerai simplement par des extraits de journaux et/ou de livres contemporains du navire. Aujourd’hui c’est la quille avec son éperon, deux parties du Redoutable que j’ai eu constamment entre mes mains, que je mets à l’honneur.

QUILLE

EFFETS PRATIQUES DES QUILLES A ROULIS
« Le Redoutable, trouvant dans l’Iroise une houle de 100 m de longueur environ donna 18 à 20° de roulis de chaque bord, tandis que le Formidable au même instant en donnait 11 à 12 environ. C’était évidemment, surtout dans le cas du Redoutable , des conditions très défavorables pour le tir. Depuis cette époque, le Redoutable a reçu des quilles à roulis; le Formidable doit aussi, croyons-nous, en recevoir bientôt. » Source : Le Yacht : journal de la navigation de plaisance (30 décembre 1899)


EPERON
« L’éperon du Redoutable est en saillie de 3 m 16 et pèse 30 000 Kg. »
Source : Dictionnaire des dictionnaires. Lettres, sciences, arts, encyclopédie universelle. T. 1, A-BISOT / sous la dir. de Paul Guérin 1895


10 – Découpe de la quille en ctp de 10 mm


11 – La quille avec ses encoches affectées aux différents couples


12 – Découpe d’un couple en ctp de 5 mm


13 – Le « squelette » du Redoutable avec les couples sur la quille (en attente de leur fixation sur le chantier).

Bonne fin de semaine et à nous retrouver le... 1er avril

Didier

C'est intéressant, ces notes historiques sur les cuirassés de l'époque 1870 - 1910
En France on a fait d'énormes boulettes avec notre marine (alors que sous Louis Philippe et Napoléon III on avait des conceptions techniques plus avancées que chez les rosbifs)...

On a tout misé sur les torpilleurs et les,sous-marins (la Jeune école de l'amiral Aube,Théophile pour les dames) et quand on s'est quand même décidé à construire des cuirassés (très chers pour le budget d'une nation ces bestiaux) on a fait des bizarreries.

Les éperons c'était une mode issue de la bataille de Lissa en 1866 entre les austro-hongrois et les italiens où l'Amiral Teggethof a coulé à l'éperon le cuirassé amiral italien ...bien obligé, il avait des canons obsolètes...du coup toutes les marines ont voulu ces éperons qui rendent si exotiques les jouets Radiguet...et qui ont coulé beaucoup de navires...amis dans des fausses manoeuvres
Aaaah la séquence dans "Noblesse Oblige"  https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=ramming+ships+Kind+heartsand+coronets#fpstate=ive&vld=cid:c7d0e07d,vid:S6OWtA51-VQ,st:0

Quant aux formes de coque ...là les français ont persisté dans l'erreur avec des formes "frégatées" supposées faire ricocher les obus qui donnaient des bateaux de guerre stables comme des kayaks de course avec un pont trop étroit pour placer l'artillerie secondaire, çà plus des navires mal compartimentés, çà a donné le naufrage en une minute chrono, du cuirassé Bouvet aux Dardanelles durant la guerre de 14.

Bravo pour avoir exhumé cet article du Yacht il est d'un remarquable comique involontaire...Ouups on a fait des cuirassés rouleurs mais çà se soigne...!
Les quilles de Roulis c'était ce qu'on avait trouvé de mieux pour stabiliser les navires avant l'invention des stabilisateurs dynamiques..mais çà mangeait pas mal de puissance dès que le bateau n'était plus tout à fait dans son assiette longitudinale (le Normandie perdait 1/2 noeud quand ses soutes à mazout étaient vides en fin de traversée) ...et un cuirassé çà doit avant tout être une plateforme de tir , si possible rapide et stable, avec un grand rayon d'action...

Ces bateaux qui sont en fait des monstruosités à moitié loupées nous fascinent encore et inspirent beaucoup de maquettistes...ceci dit , les rosbifs ont aussi commis des loupés magistraux comme le très chavirable HMS Captain perdu dans un simple coup de vent dans le golfe de Gascogne  avec la fine fleur de l'amirauté à son bord
https://www.grijalvo.com/Batracius/Batracius_Captain_Una_derrota_del_sentido_comun.htm

On a beaucoup glosé sur l'origine des éperons dans la marine de cette époque. Bien sûr la bataille de Lissa est la principale des explications, pour ma part je pense que la culture de l'époque, nourrie d'héllénisme, avec les gravures des navires antiques armés de rostre présentes dans l'inconscient des architectes navals, a sa part de responsabilité.
Je rappelle cette gravure du Formidable (https://voiliercanotancien.forumactif.org/t945-le-cuirasse-le-formidable-1885?highlight=Formidable )

Bonjour Didier , bonjour Laser et bonjour à tous .
Très intéressant ce sujet , de l’histoire et de belles images c’est parfait pour m’intéresser .
Mais j’avais une question, la découpe des couples à la scie sauteuse n’est pas un peu brutale comparée à la scie à chantourner? Surtout en 5 mm .

C'est une question d'habitude.
J'aime bien la scie sauteuse pour le bois et les pièces simples.
J'utilise la scie à ruban sur plateau pour la découpe complexe du plastoc.
Ci-dessous la découpe de l'ABS du kiosque de feu mon sous-marin Akula.

L'apparition de l'éperon, c'est surtout une conséquence de l'apparition de la vapeur.

A la voile on ne pouvait pas éperonner un navire dans le secteur du vent debout (qui était de facilement 140° pour les navires à voiles carrés contre 90° et moins pour les voiliers de régate modernes), et au vent arrière il suffisait au navire abordé de montrer le cul pour esquiver ou diminuer la violence du choc...

La tactique navale consistait à se présenter parallèlement pour canonner ("a couler" ou "à démâter" selon le cas) puis à monter éventuellement à l'abordage pour la capture...en plus un abordage avec un navire à voile en bois signifiait forcément la casse du beaupré et des étais, suivi fatalement de la perte d'un bon bout du mât de misaine,sans parler des voies d'eau à l'étrave.

A la vapeur, on pouvait éperonner suivant n'importe quel cap, à la vitesse maximum, et tant que l'artillerie était imprécise ou impuissante à percer les cuirasses l'éperonnage pouvait faire la différence (voir le duel du Monitor contre la Virginia durant la guerre de sécession américaine, précédée de l'éperonnage du USS Cumberland par la Virginia)

La comparaison avec les trirèmes grecques et les galères romaines joue effectivement...ces bateaux aussi avaient un moteur...marchant à l'huile de coude

Pendant la seconde guerre mondiale nombre d' éperonnages de sous-marins allemands par des navires alliés eurent lieu. Sans compter, dans l'autre sens, Le PT-109  de Kennedy percuté le 2 août 1943 à 2 heures du matin par le destroyer japonais Amagiri. L'éperon a disparu de nos navires mais pas l'éperonnage.
On peut comprendre l'inquiétude de mes amis à faire naviguer mon Naso Annulatus chez eux, craignant pour le liner de leur piscine !



Certains ont trop vu de films !



Bon, ca va bien Didier, tu peux arrêter tes hors-sujets ? Quel rapport ce film avec ton Redoutable ?
Réponse : Peut-être le type de canon que nous retrouverons plus tard sur mon Redoutable (je parle des plus petits, car je vous ai déjà présenté ici les plus gros).

Bonjour amis du forum

J’ai énormément de mal à trouver des informations sur mon navire. Je sais que le chantier naval de Lorient à brûlé en 1944, emportant dans l’incendie de nombreuses informations sur ce navire mais quand même. Quelques « mystères » sur ce navire à souligner : pour certains il fut ferraillé à Toulon pour d’autres à Saïgon ; quelques uns évoquent des expériences de télégraphie sans fil sur ce navire, une information non reprise ailleurs, de même qu’un site évoque le cuirassé Redoutable cf https://www.lacompagniedesintelligencesbotaniques.com/pages/autourde1895/navires-vehicules-transports-et-curiosites.html (le Redoutable Français de 1876, car il exista un anglais du même nom) bataillant contre un tripode martien du roman « la Guerre des Monde » de H G Wells… Je ne sais si je dois m’en réjouir où m’en irriter. Voir également une vidéo sur cet aspect des choses en fin de mon « post ».



14  – Le chantier avec ses barres de fixations des couples



15 – Tous les couples préparés avec une sur-forme en bois propre à leur fixation sur le chantier (voir photo 13).


15b – Le Redoutable ferraillé à Saïgon et non pas à Toulon comme on l’indique souvent. Les couples, dégagés du bordé, se révèlent.

La construction (en bois) me donne l’occasion d’évoquer la spécificité de ce navire. Il fut le premier à être construit, au moins partiellement, avec sa coque en acier. Une grande innovation pour l’époque.

« La France a été la première nation à lancer la construction d'un navire de guerre presque entièrement en acier (le Redoutable). Cependant, rappelons encore une fois que l'acier, à cette époque, n'était toujours pas utilisable pour les plaques de blindage. Le blindage en fer forgé du Redoutable était complété par une partie de sa coque extérieure, également en fer plutôt qu'en acier. Mais l’acier produit était relativement « élastique », et non cassant, ce qui était une propriété très recherchée pour la structure. De plus, il avait une résistance supérieure à poids égal, permettant un poids supplémentaire gratuit pour une protection supplémentaire, et c'est ce qui rendait ce cuirassé unique. » Source https://naval--encyclopedia-com.

«  Emploi de l’acier doux à la construction des coques. — C'est en 1873, sur le cuirassé français le Redoutable construit à Lorient, sur les plans de M. l'Inspecteur Général du Génie Maritime de Bussy, que l'acier a été, pour la première fois, appliqué en grand à la construction des coques. Seul, le bordé extérieur du Redoutable, au-dessous du blindage, était en fer.

L'acier fabriqué jusque vers. 1873, tout en ayant une ténacité considérable (50 à 80 kilogrammes par millimètre carré à la rupture), était un métal peu homogène, d'une ténacité et d'une ductilité très variables. Son emploi pouvait donner lieu à de graves mécomptes ; aussi ses applications étaient-elles limitées ; on ne s'en servait guère que pour des pièces de peu d'importance ou dans la construction de navires spéciaux, petits bâtiments destinés à naviguer sur des rivières peu profondes, coureurs de blocus etc. pour lesquels la légèreté de la coque était une condition de la plus haute importance. Les procédés Bessemer et Martin amenèrent, il y a une vingtaine d'années, une véritable révolution dans la métallurgie de l'acier ; on eut dès lors sous le nom d'acier doux un mêlai homogène, peu carburé, assez différent des métaux vifs et très carburés que l'on était habitué jusque-là à considérer comme le type unique de l'acier. Le nouveau métal était beaucoup plus ductile, sa ténacité, bien qu'un peu plus faible, était néanmoins encore de beaucoup supérieure à celle du fer.»
Source : Construction pratique des navires de guerre : architecture navale. Tome 1 / par A. Croneau,...

Si l’acier est réservé à la superstructure (pour moi quille et couples) nous retrouverons le sujet du blindage lors de la pose du bordé. Par contre disons quelques mots sur son architecte le papa de nombre de mes navires préférés dont, pour moi, le Massena que je construirai sans doute un jour.


16 – Le papa du Redoutable : l’architecte naval Louis de Bussy

« En 1871, Louis de Bussy travaille sur des plans de navires pour répondre au concours ouvert par le Ministre de la Marine de la récente Troisième République pour un renouvellement de la flotte. Le cahier des charges comprend la création de trois nouvelles classes de bâtiments construits en fer : cuirassé de premier rang, avec notamment un tirant d'eau d'un maximum de 9 mètres et des plaques de blindage d'une épaisseur de 22 centimètres à la ceinture et de 12 et 16 cm au fort central ; garde-côte offensif ; et garde-côte défensif. Les plans de sa réponse offrent la particularité de s'écarter de la demande en substituant l'acier au fer ce qui permet une importante diminution du poids des coques et d'augmenter l'épaisseur des blindages tout en assurant une plus grande mobilité du fait d'un tirant d'eau plus faible. Cette proposition innovante lui doit de remporter ce concours » (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_Bussy)

Lisant sa biographie j’ai retrouvé des points communs avec mon existence. Louis de Bussy vécu avec ses parents rue de l’Arche Sèche à Nantes. Combien de fois ai-je acheté des matériaux pour mon bateau en construction dans le Weldom de la rue de l'Arche Sèche !

Mais poursuivons nos travaux sur deux parties spécifiques : la poupe et la proue, à combler par des « remplisseurs ».

« Comme leurs contemporains le Redoutable et la Dévastation, ils sont construits en acier et en fer, et sont à double coque. Leurs formes diffèrent notablement de celles des garde-côtes précédents ; l’arrière est traînant et large à la flottaison, très évidé par dessous, de manière à former deux voûtes, et à assurer un afflux d’eau suffisant au propulseur; la finesse est principalement obtenue par les sections verticales. » crédit Cours de construction navale ; A. Hauser 1886


17– Découpe des remplisseurs



18 et 19 – Assemblage, collage des remplisseurs de proue.


20 – Découpe pour mise en forme d’un remplisseur de proue


21 – Le remplisseur de poupe creusé pour recevoir la timonerie du gouvernail



22 et 23 – Vérification de la bonne rotation du palonnier de direction sans et avec demi-remplisseur. Ne pas oublier l’accès d’une clé pour serrer l’écrou de maintien du palonnier.


24 – Collage du demi-remplisseur tribord de la poupe entre mord d’un étau et mord d’un serre-joint. Ce demi-remplisseur n’est qu’une ébauche très grossière ce qui me permet de bien le serrer sans craindre de l’abimer. Son profil définitif sera fait plus tard au moment de la pose du bordé.

Si vous avez 5 minutes à perdre, je vous signale une vidéo sur notre cuirassé.



Cette vidéo s’interroge sur les mystères du Redoutable. « Quelle technologie fut utilisée pour le construire ? » Ne m’a pas convaincu car je ne vois pas où est le problème.

Au plaisir de nous retrouver mi- avril et, d'ici là, Joyeuses Pâques !

Bonjour Didier, bonjour à toute et tous

Effectivement cette dernière vidéo est assez creuse. Elle pose cependant une question qui me semble pertinente : comment se fait-il que cette coque paraisse parfaitement lisse, alors que la technique d'assemblage des tôles de l'époque était le rivetage, impliquant la superposition de celle-ci.
les rivets peuvent ne pas être saillant pour les fixations sur les lisses et membrures, à condition d'avoir procédé à un usinage de la tôle avant de les poser, mais quid des abouts ?
Une possibilité : ces coques étaient faites de plusieurs épaisseurs de tôles d'acier, la technique ne permettant pas de produire les épaisseurs nécessaires, et dans ce cas, en croisant les écarts, pas besoin de lier les bords des tôles d'une même couche.

Pour avoir plus d'informations sur Louis de Bussy et sur son oeuvre, peut-être pouvez-vous vous adresser à l'Académie des sciences dont il fut membre: son éloge par son successeur doit exister, selon les traditions de ces organismes. Ce sont généralement des documents qui détaillent bien tous les hauts faits de leurs membres.

Bonjour Tire-au-flan

Il existe sur une place de mon village une bouée sifflante en métal (j'habite en bord de mer). Un cadeau des USA à l'issue de la première guerre mondiale destinée à notre redressement maritime. 




Une plaque au pied de la bouée nous la présente :



Je pense que l'assemblage des tôles par soudure est employée depuis longtemps en France alors que d'autres pays, même très évolués industriellement comme les USA, ont utilisé (très longtemps) la pose par rivetage.

L' homme ayant besoin de rêver, la recherche des mystères où ils n'en existent pas est une vieille habitude. Il en est ainsi de la construction des pyramides d'Egypte. On s'interroge, on parle d'OVNI, alors qu'il suffit de regarder les peintures murales dans les tombes et les statuettes en bois des ouvriers qui nous montrent comment on travaillait à l'époque !

Didier44 a écrit:Bonjour amis du forum

 quelques uns évoquent des expériences de télégraphie sans fil sur ce navire, une information non reprise ailleurs,

Bonjour amis du forum

Au temps pour moi, je viens de trouver cette information relatée par une source sûre. C'est Pierre Loti qui navigua sur le Redoutable qui nous la rapporte, le jeudi 18 avril 1901, dans son livre "Les derniers jours de Pékin" :
« Aujourd'hui, la télégraphie sans fil, par une série d'imperceptibles vibrations cueillies en haut de la mâture du Redoutable, nous informe que le palais de l'Impératrice, occupé par le feld-maréchal de Waldersee, était en feu cette nuit et que le chef d'état-major allemand a péri dans la flamme. »

De toutes manières mon navire, avec ses trois mâts à voile, dans sa version antérieure à 1901, n'est pas concerné par cet accessoire de la "modernité".

La vidéo You Tube qui prétend que le Redoutable (datant de la fin du XIX° siècle et démoli avant la guerre de 14) était construit par soudure me paraît une fumisterie...si on jette un oeil sur les photos de l'article Wikipedia en les agrandissant au maxi, on voit nettement les lignes de rivets sur l'étrave à éperon...

La construction soudée (à l'arc électrique)...C'est surtout les Allemands qui en ont été les pionniers avec les "cuirassés de poche" comme le Graf Von Spee de 1938.


Il fallait rester (à la tricherie près) sous la limite de 10 000 tonnes imposée par la traité de Washington de limitation des armes navales. La construction soudée de la coque économisait le poids du recouvrement des tôles et celui des rivets ...
Avec une machinerie Diesel (qui supprimait le poids des chaudières) on pouvait coller sur un croiseur le blindage et les gros canons d'un cuirassé (ou presque).

Les américains n'étaient pas à la traîne pour la soudure .

Les Liberty ships , des cargos construits en série par Harry-J-Kaiser étaient entièrement soudés...et assez fragiles, se cassant parfois en deux dans la grosse houle par temps froid...et au moment de leur revente en Europe dans le cadre du plan Marshall, il fallut leur adapter une ceinture de grosses tôles d'acier rapportée..par rivetage pour les fiabiliser.

Pour les bouées c'est une autre limonade: certaines étaient éclairées avec des brûleurs à gaz et pour encaisser la pression étaient réalisées en tôles de chaudières (courbes, mais très épaisses et très solides et obligatoirement rivetées...l'infortuné paquebot l'Afrique, en difficulté après la sortie de la Gironde s'est littéralement fracassé en pleine mer sur la bouée du plateau de Rochebonne, qui fut à peine cabossée.

La France était plutôt  la traîne: Les chantiers les plus performants comme Penhoët (actuels chantiers de l'Atlantique)  construisaient en riveté (comme le modernissime Normandie et comme les chantiers anglais et écossais....Le France des années 60 était presque entièrement soudé mais une partie des tôles des fonds était encore rivetée. La révolution de la soudure n'a vraiment atteint les chantiers français qu'après 1945.

Quand il n'était pas un esthète orientalisant, Pierre Loti était un bon observateur des choses de la mer et de la technique navale: Il avait en particulier été frappé par l'extrême modernité des navires japonais et l'efficacité de leurs équipages ...qui en 1904 firent un carnage des cuirassés russes à Port Arthur et Tsoushima, précipitant le déclin de l'absolutisme des Tsars...et il avait prédit, contre la plupart des experts la défaite des marins russes.

Bonjour amis du forum

Notre petit point bimensuel :



26 et 27 – Préparation à la pose des demi-remplisseurs de proue. Trous des vis de saisie et vis de saisie pour l’étau

La difficulté étant de réduire au juste profil l’ébauche de la proue sans ébranler la fragile colonne vertébrale de la quille, je fixe temporairement des vis sur chaque demi-remplisseurs (non collés à la quille) qui me permettront de le maintenir sur un étau le temps de les réduire à la râpe.

28 – Mise en forme à la râpe des demi-remplisseurs

29 – Les deux demi-remplisseurs collés sur la proue. Ils seront mis à leur forme définitive après la pose du bordé.

Je récupère et mets de côtés une dizaine de lingots en plombs coulés comme lest pour le Formidable. Un lest de 6 kg calibré afin de tenir entre deux couples. Si le compte n’y est pas j’envisage d’ajouter 500 g supplémentaire en baguettes d’étain à souder de couvreur le long des 90 cm de quille. Pour faciliter le transport du navire, ces lingots ne seront posés qu’au moment d’une navigation.


30 –Les lingots en plomb constituant le lest. Ils sont aujourd’hui oxydés, je ne tarderai pas à les peindre.

En rappel : les amis de mon club en opération "couler du plomb pour Didier trop maladroit pour le faire seul sans se brûler".


Le fond du Redoutable est donc plat, les lingots se poseront entre deux couples, la quille pourra être lestée... Sur tous ces points du modèle réduit, les mettre en parallèle avec le navire grandeur :


« La coque est presque entièrement en acier, sauf le bordé extérieur, qui est en tôle de fer; le mode de construction est celui du Bracket-System, avec double coque, sauf aux parties extrêmes M et A\, s'arrêtant, dans la région du milieu, à une lisse longitudinale qui forme l'assise d'une cloison verticale étanche montant jusqu'au faux-pont; la carlingue centrale et la lisse longitudinale qui supporte le cuirassement de la ceinture sont continues et étanches ; deux autres lisses de chaque bord sont également étanches ; le double fond est donc divisé en compartiments pouvant être remplis d'eau en vue de lester le navire ou d'en modifier l'assiette; la coque est divisée en nombreux compartiments étanches; les fonds étant tout à fait plats, il y a trois quilles en bois armées de cornières, pour les échouages ; chaque pont est bordé en tôle dans toute sa longueur. »
Crédit : La Marine à l'Exposition universelle de 1878. Tome 1 / ouvrage publié par ordre de M. le Ministre de la marine et des colonies

Pour le poids et le coût du navire lire :
« Sur un navire tel que le Redoutable, la cuirasse de 25 à 30 cm d’épaisseur pèse 2500 tonnes et revient à plus de 3 millions».
Crédit : Dictionnaire des dictionnaires. Lettres, sciences, arts, encyclopédie universelle. T. 1, A-BISOT / sous la dir. de Paul Guérin 1895
et
« le Redoutable, lancé en 1876, refondu en 1895, ne déplaçait que 9 400 tonnes. »
Crédit LA CROISSANCE DU CUIRASSÉ de G. Blanchon

31 – La quille et les couples fixées (temporairement) sur le chantier

32 – Détermination du nombre de virures

Superbe...la pose des virures sur les 4 derniers couples vers l'arrière...çà va être sport!

Merci Laserologue.

Je suis confiant. J'ai déjà opéré de la sorte sur mon Formidable.



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... Revers de la médaille, je prends peu de plaisir à reproduire des gestes déjà éprouvés. J'ai hâte d'aborder ce qui sera nouveau pour moi : les 3 mâts démontables avec les vergues et les bouts et les haubans...

Bonsoir à toutes et à tous

Bonsoir Didier

Avec le bois tout est possible, photo du net concernant un remorqueur