Ralingue or not ralingue

Je ne sais pas si c'est conforme à l'original, mais en général , si on veut que les focs fonctionnent bien (même pour les petites surfaces), on a tout intérêt à passer un fil (une ralingue)genre câble métallique 6/10°ou vectran dans le guindant des focs.

On fait deux boucles (pour le câble métal, il faut des sleeves ou des manchons talurit et pour le vectran on fait des surliures cousues avec fil fort et aiguille ou des épissures modernes (aiguilles creuses...mais pas évident sur du très fin) qui dépassent du point de drisse et du point d'amure.

Une fois que cette ralingue est en place dans l'ourlet avec ses deux boucles qui dépassent de 5ou 6 mm de la toile, on la tend entre deux supports (genre poignée de fenêtre et robinet de radiateur) puis avec une aiguille et du fil à voile, on fixe la voile sur les boucles en réglant la tension : trop tendu= pli le long de la ralingue, trop mou = plis perpendiculaires à la ralingue, un léger pli vertical est tolérable (çà prendra sa forme avec le vent dans la voile).

C'est le classique réglage de Cunningham, bien connu des régatiers...et même en modèle d'expo qui ne navigue pas (quelle tristesse!) la voile n'a pas l'air d'une vieille chaussette tire-bouchonnée.Voici le montage de mon 420 JEP (j'ai fait pareil sur plein d'autres bateaux) ce montage qui tend le guindant du foc est exactement semblable à celui des vraies voiles de bateau (hors enrouleur de foc ou étai creux). Sur le 420 JEP j'ai aussi mis une ralingue métallique à la GV, mais on ne la voit pas très bien à cause de la surliure qui est dessus.

Autre intérêt de ce montage, il permet de se passer d'oeillets sertis (sauf au pt d'écoute) et il a un look très "vrai bateau"


 bien entendu sur le 420 , il y a aussi l'étai (qui est mou quand le foc est tendu et ne sert que quand le bateau est au parking, ce qui est caractéristique des dériveurs légers (sauf le 505 où il n'y a pas d'étai pour tenir le mât au parking, on le tient en place avec la drisse du spi ou un trapèze. Sur un modèle comme le Pen-Duick VI de bassin je n'ai pas mis d'étai et cà va très bien

Tout ce matelotage est assez "ouvrageux", il prend du temps, c'est pourquoi on ne le rencontre pas sur les jouets semi-industriels genre Nova BVO Deffain...etc, mais par contre il est courant sur les modèles artisanaux montés par des anciens marins (en général c'est salement ruiné car vieux, très vieux) ou sur les véritables Ex-Voto
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Visiblement Lejard faisait comme les copains industriels, cad sans ralingue (il aurait fallu payer des petites mains un peu au courant du matelotage) ...le seul qui avait qq chose de ce genre c'était Pollin, avec son galon caractéristique des Nillop qui permet de ne pas déformer le tissu de cotonnade assez lâche qu'il utilisait...

Perso je pense que ce n'est pas un crime de lèse majesté que de ralinguer comme çà un bateau qui ne l'était pas d'origine, on ne fait que retrouver le modus opérandi des maquettes artisanales dues aux marins à la retraite ...
Il suffit de regarder dans la vidéo de Thalassa le très vieux Mr Pierre Paudeau échanger sur un ton aigre-doux avec Madame Arlette-la-cousette à propos du montage d'une voile (avec un coup de provocation malicieuse de l'intervieweur) pour comprendre à quel point une voile mal enverguée fait désordre pour qui sait un minimum naviguer...

Pareil avec le légendaire photographe Keith Beken, de  Cowes, perché sur sa vedette-photo ballotée dans le clapot du Solent,  qui se permet de suggérer à un prétentieux yachtman (un commodore du RORC , pas moins!) de reprendre un bon pied de guindant sur sa grand-voile mal étarquée, sachant très bien que si la voile a l'air d'un torchon, le prétentieux yachtman n'achètera pas le cliché.

Même pour la présentation statique çà a un look bien plus "propre" qu'un foc tout mou qui fait des festons le long d'un étai et si on navigue c'est infiniment préférable à un bout de mouchoir qui papillonne en plein vent en pourrissant l'air de la GV avec des turbulences  au lieu de le laminer correctement.

Perso, pour moi qui ai plus de 60 saisons de voile au compteur dont 42 comme moniteur ...et toujours en activité, tel le-vieux-con-qui-la -ramène-et-à-qui-onne-la-fait pas (et peut être même fier de l'être, va savoir ), je suis toujours dégoûté quand je vois au Luco un Tirot (ce sont les seuls encore en vente chez le Père Noël) d'un malheureux gamin qui regarde son jouet se faire ridiculiser au milieu des voiliers de location , en dérivouillant comme une bouée dont la chaîne a cassé....tout çà parce que la maison Tirot a mégoté sur 4 anneaux et 4 oeillets sur le guindant de la GV ou une paire de focs correctement montés et capables de passer d'un bord à l'autre au changement d'amure...

Les NOVA ont paraît ils eu des voiles montées sur ralingues(pour certains d'entre eux, car il n'y en avait pas sur les restes de focs du Nova 45 que j'ai restauré, peut être , et c'est un minimum, sur les coûteuses séries "luxe" en acajou en grandes tailles)...mais les NOVA c' étaient ceux des bateaux de bassin vendus dans le commerce qui marchaient le mieux....alors que les TIROT (et les trois quarts des Borda de base) ramassaient les balais et continuent imperturbablement à les ramasser,du moins pour les Tirot, ce qui est désolant car çà dégoûte les gamins qui en ont eu un pour leur petit Noël

Bonjour Lasérologue
Tous les Nova que j'ai eus avec des voiles d'origine avaient une ralingue au bord d'attaque de leurs focs et grand-voile. C'est vrai même sur mon tout petit modèle (18cm)
Et, bien souvent, les fabricants qui n'utilisaient pas cette technique doublaient (et doublent toujours pour Tirot) l'attaque du foc par un faux étai qui est noué en haut et en bas du foc aux point d'amure et de drisse : la ralingue est certes extérieure, mais elle a le même effet. La seule difficulté, qu'elle soit interne ou externe, est certes son réglage : c'est la précision du positionnement du noeud qui fait la tension.

Le coup des noeuds et de la ralingue extérieure, c'est franchement pas terrible car les bout's utilisés sont extensibles, pourrissent au soleil et en plus pas facile à bien régler, sans parler du tissu qui se détend pas mal aussi et du défaut d'aérodynamique....avec une ralingue en câble ou vectran et des surliures, on peut vraiment optimiser.

J'ai l'air de pinailler, mais en fait, un bout de filin qui traîne au bord d'attaque perturbe pas mal par décollement de la couche limite...

Si les cinquos ont supprimé l'étai , quitte a caler le mât avec la drisse de spi à terre c'est pas par hasard ....et pour les grand-voiles sur les dériveurs de performance les drisses passent à l'intérieur du mât (une vraie croix pour la réparation contrairement aux catas de plage)  mais Manfred Curry avait scientifiquement trouvé des 15 et des 20% de gains en poussée vélique avec des drisses intérieures et un mât un peu mieux profilé (goutte d'eau) qu'un bête poteau.


Sur le Ailsa et les bateaux jouets anglais (quand c'est d'origine car mon Bowman avait des voiles refaites...que j'ai ralinguées) c'est mieux pensé, il y a un ourlet réellement rigide, replié plusieurs fois (même idée que le galon des Nillop) et les oeillets sont d'un modèle particulier , au lieu d'une rondelle séparée c'est une extension de la rondelle extérieure qui se replie avant sertissage,par dessus le point de drisse ou d'amure, ce qui donne une sorte de manille assez astucieuse au dessus de la voile pour tirer sur la drisse , on a donc un guindant tendu et maintenu dans le bon sens.