BOWMAN GULL 18'

Bonjour...
J'ai toujours eu un doute sur les voiliers de bassin quillés intégralement en tôle , sans lest rapporté.

A part une honorable exception, le Balandro (sloop de plaisance) de la firme espagnole GINER qui a une ingénieuse quille dépliable et profonde, ils ont tous tendance à se vautrer dans la mer  comme des vacanciers dans un transat.

Les pires sont les petits Star Yachts (une marque qui a produit aussi d'excellents bateaux de bassin, mais plus gros) et pire encore, leurs imitations chinoises (la quille est plus mince). Leur terrain de jeu c'est la baignoire ou la piscine de jardin et un enfant de 4 ans les chavire à plat sur l'eau en soufflant dessus.

J'ai acheté récemment deux voiliers d'origine anglaise, un joli"construction amateur" très soigné et un peu rondouillard, construit en 2 tranches "bread and butter" qui doit être des années 40 (je vous en recauserai , c'est un bateau qui a du potentiel) et un Bowman Gull (Mouette) qui était un jouet très courant chez les rosbifs dans les années 60 et 70.

De loin il est beau (pont en contreplaqué verni, petit faux roof à l'emplanture, belles décalcos avec l' Héraklès archer ( Bow c'est un arc et Bowman un archer), flatteuse coque bicolore avec oeuvres mortes blanches et oeuvres vives d'un élégant vert amande (la couleur de l'antifouling "bronze bottom" une fois qu'il a pris le vert-de-gris.)

De près , çà se complique: la coque est taillée à la serpe, voire à la hache de viking , comme les breaks Volvo série 200 et 700, c'est pris dans un bout de chevron parallélépipédique et le plus gros du travail doit être fait au rabot-toupie, avec des bouchains à peine arrondis. Il y a un aileron de quille vaste et relativement profond, en tôle d'acier , inséré dans une fente de la coque...et pas de lest. Le gréement est propre et bien pensé, assez semblable à celui du AILSA mais le mât est plus gros et à peine appointi  en haut (un cône au taille crayon) ...je ne suis pas sûr que les voiles soient d'origine...si c'est le cas , leur montage est moins raffiné que celui du AILSA.
Ceci dit il est sans doute un minimum creusé et pèse 794g contre 690 à l'Ailsa

Dans la baignoire, le test scientificopifométrique de satbilité  se révèle ...préoccupant . Déjà, il flotte beaucoup plus bas que la ligne de flottaison vert amande, et quand on éprouve la stabilité en poussant sur le mât, ben çà gîte très fort...
Il est un peu assis sur le cul (forcément , les gens de chez Bowman sont partisans de la "tête de morue et queue de maquereau")
la voute arrière très amaigrie porte peu, contrairement au museau nettement mafflu et prognathe.

Il me paraît évident qu'avec son mât pas léger et sa voilure un poil plus grande que cette de l'AILSA, çà va se vautrer...

J'ai testé un brin de lestage : On ne peut pas dépasser 100 g Maxi et il faut le mettre le plus en avant possible . L'idéal serait des plombs lenticulaires type médaillon à l'avant du talon de quille (mon AILSA, les Kellner..) mais je n'en ai pas.

Du coup j'ai coulé deux mini torpilles dans le moule qui a servi pour le supplément de lest du Gaston Grenier (lui aussi était lesté en tôle avec deux bouts de fer plat rapportés en bas) , j'ai juste moins rempli le moule pour avoir 100g au total...

Après j'ai cintré les lests pour épouser la courbe avant de la quille (c'est une aberration hydrodynamique on perd la forme en goutte d'eau) l'idée étant de lester le plus en avant possible pour ne pas couler complètement le tableau arrière...

Les lests
ont une drôle de gueule, du coup, on dirait des lançons qui se tortillent dans la bourriche d'un pêcheur a pied du Cotentin...mais bon...on verra à l'usage.

Il existe des Bowman un peu plus grands (qui ont une écoutille en arrière de la cabine) , ils sont probablement un peu mieux étudiés...

Quand je l'aurai lesté et repris qq détails du gréement, ce sera le Luco et je vous dirai quoi...

Passé 3 heures à regréer proprement et à poser le lest en forme de lançon tordu par l'agonie...çà vaut le coup les voiles sont nettement plus propres et le test baignoire plus positif...

Une fois lesté, il marche assez correctement mais ce n'est pas un foudre de guerre, le vent était irrégulier et assez faible au Luco, avec quelques claques.
Un temps très breton , venu en TGV par la Gare Montparnasse, avec le crachin de rigueur (petite pluie abat grand vent disent les marins)

En essais avec lui, le Nillop Cormoran et pour point de comparaison le petit 420 JEP

Le Bowman une fois lesté met le liston et un bout de pont dans l'eau dans la risée mais il ne se vautre pas à plat sur l'eau, il est beaucoup moins rapide que le 420 qui est plus léger (mais pas plus voilé et nettement plus court), sans être ridicule

Il faut recourir au vieux truc de surborder un poil le foc pour éviter les auloffées, en plus le curseur de réglage d'écoute de foc s'est détaché, j'ai fait un noeud provisoire mais il trace droit, comme le 420...nettement mieux que le Cormoran NILLOP qui est maintenant équipé d'un Braine...mais peut être pas celui qu'il aurait fallu (voir ailleurs) de toutes façons on est dans des tailles très différentes 45 Cm d'un côté et 75 de l'autre.

Il me paraît évident, entre cet essai et ce que j'ai pu lire sur les forums Grand Bretons, que les Bowman à quille tôle , série Admiral, Gull et autres sont gîtards et un brin enfoncés dans l'eau...Un peu de lest (100-120 g sur celui ci et probablement 200 g sur les 60 Cm, de préférence sous forme d'un médaillon lenticulaire),est un minimum pour naviguer correctement.

S'il faut déponter pour restaurer, ce peut être l'occasion de recreuser la coque mais de toutes façons ce genre de bateau budget (très sympa question look et "so british" ) ne sera jamais une fusée sur l'eau...Il navigue correctement une fois lesté et c'est déjà beaucoup.