Jouet de série ou production artisanale: Un "à la manière de" Gaston Grenier (Chat , Monotype Minimum de la Manche...etc)

Bonjour,
J'ai récemment acquis un jouet de bassin à restaurer entièrement mais qui est très intéressant:

Coque en bois exotique (Niangon???) très légère et creusée de façon très pro (fond quasi plat , levées intérieur avant et arrière en oblique bordages intérieurs plats) originellement vernie (oeuvres mortes) et oeuvres vives bleu ciel, intérieur peint en rouge.

C'est un canot demi ponté (cockpit ouvert) et la quille est en tôle d'acier (pas mal rouillée )avec en guise de lest deux bouts d'acier plats tenus par des rivets , un lest qui paraît un peu "juste" à vue de nez. la quille tient par des pattes pliées (le montage des Ailsa et de certains Paudeau).

Le pont est en contreplaqué 5mm (délaminé au delà du récupérable) et l'ouverture du cockpit est en forme de bateau, avec des petites hiloires en CP mince (15/10° de mm) avec une forme de bateau remarquablement élégante  très caractéristique des années 30 /40 et début des années 50.

Ce style de pontage et de cockpit est très évocateur des dériveurs et mini quillards et dériveurs semi légers (bois classique)des années 30/40 , en particulier les dessins de l'architecte naval, régatier et pharmacien havrais Gaston Grenier, un des pionniers du yachting léger (Le monotype minimum de la Manche , mini quillard, le Chat,et d'autres.

On retrouvera ce genre de pontage et d'hiloire sur le Sharpie 9M2 (Staëmpfli et Herbulot) promu pour "réformer la mollassonne jeunesse française fauteuse de débâcle de 40"  durant l'occupation (Borotra , ministre des sports de Pétain, et son acolyte nautique, le Commandant Rocq, directeur de l'école de Socoa, qui précéda les Glénans.)

 Le dériveur Plongeon et le Monotype d'Arcachon sont comme çà aussi, quand j'ai fait mes classes de matelot au service militaire à Hourtin, le pacha (le Cdt Cord'homme, çà ne s'invente pas) avait un monotype d'Arcachon très semblable à ce bateau , une véritable antiquité pour 1980...

La forme de coque, élégante, est intermédiaire entre un Deffain et un Borda.

Au dépontage, car le pont entièrement cuit ne peut servir que de gabarit, il s'avère qu'un barrot servant d'étambrai avait été prévu au droit de l'emplanture de mât mais qui ne semble pas avoir été utilisé (ou alors a été cassé).

Comme je n'ai pas d'ouvrage de référence j'ignore si ce jouet a été produit en série ou si c'est un"one off" réalisé par un menuisier qualifié...Si quelqu'un a une idée je suis preneur..
A priori l'idée du jouet de série n'est pas si farfelue (menuiserie assez professionnelle, rivetage du lest) et surtout le fait que les premiers dériveurs légers étaient des "objets du désir" pour les vacanciers des bords de plage dans les années 30 donc copiés par les fabricants de jouets...

Ici un Monotype Minimum de la Manche

Ici un "Chat"

Un 12 M2 du Havre (Plan Pierre Arbaut), plus élancé que les deux autres qui sont assez courtauds

Sur Leboncoin, un voilier qui a aussi ce style de pontage /cockpit
https://www.leboncoin.fr/collection/2181517956.htm

Là on est dans du plus connu , c'est une maquette (navigante ???la quille est bien courte????AMHA Faudra modifier si on veut le faire aller sur les flots) d'un Argonaute dont l'historique est bien connu et lié à la "grande " Histoire avec un H majuscule (Les centres de voile de l'époque de l'occupation, le Cdt Rocq et la période "ministre des sports de Jean Borotra)

https://www.aammlr.com/patrimoine-maritime/la-collection-ppl/argonaute/

Dû à JJ Herbulot (qui sera le grand démocratiseur de la plaisance avec le Vaurien et le Corsaire)... Il est construit en bois classique mais à bouchain vif

Pour 40€ un morceau d'histoire française ..Moi j'aimerais bien mais mais bon , faut savoir se limiter....



En attendant j'ai trouvé un superbe bout d'acajou ultra épais dur et dense pour le nouveau pont de mon bateau (il va falloir le raboter pas mal).

Je l'ai poncé, c'est bien un bois exotique (un peu décoloré sur la partie autrefois vernie mais superbe sous la peinture bleue qui part en farine) et la fabrication est soignée, digne des Nova luxe en acajou...

voilà le pont en acajou, ébauché et semi fini, pour les hiloires, il restait dans un coin du club des lattes à voile de 470 en frêne (la latte forcée, en haut de la voile)

Du coup çà le fait pour les hiloires du cockpit

Le Gaston Grenier /Chat /Monotype Minimum de la Manche avance doucement : le pont a été refait dans un très beau bois exotique et les hiloires du cockpit sont en frêne, la coque a été repeinte en rouge à l'intérieur (pas un détail c'est un bateau demi - ponté à cockpit ouvert...La quille en tôle a été décapée, passée au Frameto passivant puis à la peinture "direct sur rouille" Hammerite (bleu nuit effet martelé , c'est beau comme une machine outil ou une armoire électrique des années 4O) elle sera finalisée en bleu clair , comme d'origine .
Coque et pont ont reçu une couche de vernis marin "Tonkinois" (le Thon qui s'noie, disent les matelots facétieux)

Sérieusement cette coque de 55 CM en bois exotique vaut largement celle des Nova série luxe (avec quelques influences "Deffain") et avec sa quille mince en tôle façon star yacht ou Ailsa çà doit pouvoir donner un très bon marcheur (moins de frein que les quilles épaisses en bois assez peu profilées genre Tirot, Borda ou Nova...
J'ai un doute pour le lestage mais comme mon club est aussi un club de plongée je ferai des essais avec des bouts de plomb de ceinture de plongée

Le GG est enfin re-quillé boulonnage et contreplaques en inox...Il flotte haut (testé dans l'abreuvoir qui nous sert à rincer les gilets de sauvetage) et çà correspond au très léger trait de gouge qui existait à la limite de la peinture bleue d'origine...la question est Complément de lest ou non?, quelle taille de voilure?

De toutes façons , vu que je n'ai pas ici d'équivalent de Tartaix l'accastillage attendra et probablement les voiles aussi (suite en fin septembre ..sauf miracle)

Le voici en compagnie du
Nillop Petrel

Le Gaston Grenier (que je désignerai peut être comme un Chat, même si il est plus étroit et élancé que ce sympathique dériveur courtaud et ventru, histoire de lui donner un nom évoquent les félins domestiques avec un jeu de mots , selon la tradition et l'humour canotier de cette série de l'entre-deux-guerres où les bateaux étaient baptisés Chat-rabia, Chat-Lumeau ou Chat-pitre) , mon Gaston Grenier (qui sera peut être nommé "Chat si rond" en l'honneur du phare éponyme) a avancé un peu..sans être fini: Foc en coton, GV d'essai en Mylar, mât, bôme et accastillage , barre d'écoute et forme de moulage pour un lest complémentaire s'il s'avérait trop gîtard...avec son nouveau pont (en acajou) et ses hiloires de cockpit en frêne verni et brillant ainsi que ses cuivreries et son gréement dormant en inox , il fait très yacht miniature...

Le Gaston Grenier est prêt à naviguer...ou presque avec une GV provisoire en mylar

Pour les essais j'ajouterai un lest temporaire dans le trou central de la quille et si çà marche , deux demi torpilles faites à la demande en bas de l'aileron de quille...et comme on est jamais trop prudent j'ai mis des volumes de mousse klégécell conformes au décret de 1962 modifié 1969.

sur les navires de plaisance....

Avantage de la GV Mylar récupérée d'une planche à voile elle ne cache rien de la litho de Yannick Manier crée pour commémorer les 150 ans de la vénérable SRH le club chic du Havre et distribuées aux concurrents du vire-vire de commémoration avec Jolie Brise et Marie Fernand en vedette...

Les régates commémoratives avaient été un peu assombries par la noyade de Tabarly survenue dimanche 13 juin et que nous avons apprise à la remise des prix parfaitement orchestrée par le chef-pilote du Havre (et vainqueur de la Figaro Solo) Damien Savatier, une fine lame de la régate et un remarquable dirigeant de club qui a sauvé ce monument vieillissant de la plaisance de la faillite.