Canots ITO et assimilés

Bonjour à vous hardis navigateurs
 
 
 
 
 
J'ai commencé à collectionner ces bateaux dans les années 2000 car, habitant alors en appartement, je n'avais pas la place de me lancer dans les voiliers qui sont autrement plus encombrants. Depuis, nous avons déménagé et mon épouse se désole de voir, en plus des canots, les voiliers envahir mon bureau. Je n'en achète plus, car les prix sont devenus astronomiques, et la moindre unité se négocie de 150 à 800$, voire plus. Quand on ajoute à ceci le taux du dollar qui a augmenté de 20% depuis 2005 et les frais de transport devenus exorbitants, ce genre de canots est devenu hors de portée du forumiste moyen.
 
Voici donc ma collection de canots en bois. Tout d'abord, les ITO.
 
N°1 : Longueur 395mm, maître bau 122mm




Quelques détails typiques qu'on retrouve sur tous les modèles :




Le skeg en tôle pliée supportant le tube d'étambot et l'hélice tripale en laiton de 34mm.




Le gouvernail en laiton chromé
 
Ce que j'ai fait : rien
Ce qui reste à faire : tout pour qu'il soit comme le N° 2 présenté ci-dessous.

N°2 : Longueur 412mm, maître bau 138mm
 
C'est celui dont la rénovation est la plus avancée. Il était à l'origine dans l'état du précédent, mais j'ai oublié de faire des photos avant de commencer.
 




Les entrailles et accessoires de la bête.





Quelques détails techniques




Quelques détails cosmétiques. Les accoudoirs basculants en inox servent de blocage en position de l'ensemble capot/poste.
 
Ce que j'ai fait :
·      Ponçage à blanc de la coque, renforcement des collages, protection de l'intérieur par deux couches de résine polyester chargée au talc
·      Remplacement du tube d'étambot par un modèle avec paliers bronze (un simple tube laiton à l'origine) et modification du skeg pour rapprocher l'hélice de la coque. J'en ai profité pour diminuer sérieusement l'angle de l'arbre et le passer de ~25 à 16°. Sur le Dragon présenté plus loin, j'avais installé un contrôleur bidirectionnel. Lors de la première marche arrière, j'ai eu la main un peu lourde sur la commande de gaz, et les hélices ont litéralement aspiré l'arrière du bateau sous la surface. Je l'ai récupéré de justesse d'un grand de coup de gaz en avant, avant que l'eau qui avait pénétré dans la coque ne détruise le contrôleur. Heureusement que tout ceci se passait tout près du bord, j'en ai été quitte pour un bain de pieds. Moralité : plus de contrôleur avec marche arrière
·      Remplacement de l'arbre tordu par un "vrai" arbre avec filetage
·      Remplacement de l'hélice par un modèle nylon "compétition" interchangeable  avec entraînement par drive-dog
·      Remplacement du ressort transmettant la rotation entre le moteur et l'arbre par un cardan
·      Remplacement du moteur asmathique d'origine par un outrunner brushless de 780Kv, puis de 2200 Kv (le 780Kv est le vert sur la 2° photo). Conséquence inévitable, fabrication d'un support en tôle laiton 10/10
·      Alimentation par Lipo 2S ou 3S
·      Installation d'une RC 2.4Ghz, avec contrôleur 40A et servo de barre 9g
·      Etanchéification du récepteur Flysky et du contrôleur à la résine epoxy, car, lors des premiers essais, l'eau embarquée a détruit un contrôleur et un récepteur.
·      Création d'un nouveau gouvernail et de son support. La commande est faite par un bout en Dyneema qui entraîne une roue Meccano un peu retravaillée fixée sur l'axe.
·      Addition de flaps pour lui éviter de regarder les nuages en navigation et augmenter la stabilité en virage
·      Remplacement du pont qui était en triste état par un pont en contreplaqué acajou cintré home made
·      Création du poste de conduite et du capot, pour réduire au maximum les entrées d'eau par projection. J'ai aussi modifié une figurine de jeune guerrière pour la transformer en pin-up tropézienne et l'élever au rang de pilote.
 
Ce qui reste à faire :
·      Modifier la fixation de l'accu pour accepter les Lipo 3S, légèrement plus épais que les 2S. Il est actuellement maintenu par des scratchs collés d'une part sur le fond et d'autre part sur l'accu, mais l'épaisseur de ces scratchs empêche la mise en place du 3S sous le siège du pilote
·      Faire des supports corrects pour le récepteur et le contrôleur, ainsi qu'un guide d'antenne
·      Remonter toute la mécanique en fixant proprement les fils, ce que je n'avais pas jusqu'ici pris le temps de faire.
·      Faire des essais de flaps réglables pour optimiser l'assiette en ligne droite.
·      Ajouter une commande de ces flaps par le servo du gouvernail pour augmenter la stabilité en virage et éviter le retournement (expérience vécue lors des premiers essais)
·      Refaire la peinture, que j'ai ratée et qui est horrible. Je conserverai toutefois les mêmes couleurs évoquant celles du Riva Aquarama. La qualité du bois et les reprises de mastic ne permettent hélas pas de version vernie.
·      Passer quelques couches de vernis supplémentaires sur le pont, je vise le poli miroir
·      Agrémenter le tableau de bord de quelques cadrans et d'un voyant permettant de vérifier que l'accu est branché
·      Réinstaller les accessoires (taquets, corne de brume, feux de navigation,  etc)
 
Comme je ne veux pas en faire une bête de course, je n'essaierai pas diverses combinaisons de moteurs et d'hélices pour aller plus vite, je préfère limiter les performances pour éviter qu'il se retourne à la moindre contrariété. Comme il n'est pas étanche (ni étanchable) et que, une fois sur le dos, il n'y a plus rien à faire, je ne veux pas prendre le risque de le voir couler avant que je puisse le repêcher avec ma barque de récupération (j'ai perdu récemment un voilier de cette façon, l'expérience est traumatisante)

N°3 : Longueur 395mm, maître bau 129mm
 

Au cas où on ne l'aurait pas reconnu, c'est un modèle très voisin du G50 présenté en début du post. Les coques sont identiques, mais celui-ci n'est muni que d'un moteur alors que le G50 en possède deux.


L'état de dégluinguitude avancé permet de bien voir le mode de construction. Il devra être entièrement démonté et recollé avec une colle moderne, vinylique ou epoxy.
 
Ce que j'ai fait : rien
 
Ce qui reste à faire : tout pour qu'il soit comme le précédent. Avant de démarrer sa réhabilitation, je veux terminer le N°2 et le Dragon et faire des essais de navigation. Quelques points seront à décider à l'issue de ces essais : mono ou bimoteur, déplacement de la motorisation dans la pointe avant pour avancer le centre de gravité et diminuer l'angle de l'hélice, éventuellement, passage en transmission flex, suppression du gouvernail et commande de direction par différentiel de vitesse entre les 2 moteurs (ce qui implique deux contrôleurs et une radio avec mélangeage des voies, que je n'ai pas aujourd'hui. Je possède 2 émetteurs Flysky de base, un 3 voies avec poignée pistolet et un 4 voies avec joysticks. Le gros avantage est que, moyennant un petit réglage en début de navigation, chacun des émetteurs est capable de commander n'importe lequel de mes bateaux, voiliers ou canots).

N°4 : Longueur 450mm, maître bau 130mm
 

C'est un Dragon, l'un des plus beaux modèles de la gamme. Le voici tel que je l'ai acheté.
 
Aujourd'hui, il en est là :

 
Ce que j'ai fait :
·      Ponçage à blanc de la coque
·      Remplacement des arbres et des tubes d'étambot. Soudure de tubes de graissage sur les tubes d'étambot (c'est pas une mince affaire…)
·      Remplacement des hélices par des bipales nylon "compétition" Ø36
·      Remplacement des skegs par des modèles en laiton massif home made
·      Remotorisation par 2 moteurs brossés avec serpentin de refroidissement
·      Alimentation par accu NiCd
·      Installation de RC 2.4 Ghz, avec un contrôleur bidirectionnel et un servo de direction 9g.
·      Remplacement du pont par un contreplaqué acajou cintré home made, fixation par vis M2 et inserts dans la coque
·      Peinture intérieure et extérieure de la coque. J'ai sous-traité la peinture des dragons à l'une de mes filles, qui a su reproduire très fidèlement le dessin initial
·      Remplacement des micro-lampes 3V qui illuminent les yeux du dragon par des leds (rouge à babord, vert à tribord)
·      Premiers essais de navigation (encourageants)
 
Malheureusement, à cause d'une fuite de la toiture de mon atelier, la pluie a rempli la coque il y a quelques hivers, et tout l'intérieur a baigné dans l'eau pendant plusieurs mois avant que je ne m'en aperçoive. Bilan : moteurs rouillés, servo de barre HS, peinture dégradée, décollement partiel du tableau arrière. J'ai tout démonté et décidé de le refaire avec une mécanique plus moderne. J'attends la mise au point du N° 2 pour commencer.
 
Ce qui reste à faire :
·      Remplacement du pont. C'était la première fois que je me lançais dans la fabrication de contreplaqué acajou cintré, et la réalisation est loin d'être parfaite. De plus, j'ai un peu raté la gravure des lattes du pont et l'implantation des fixations. Je referai donc un nouveau pont, avec de nouvelles dispositions pour qu'il soit étanche et que le bateau puisse se retourner sans pénétrations d'eau.
·      Mise en place de la mécanique, de 2 brushless et de la RC
·      Selon les résultats d'essais du N°2, ajout de flaps, mobiles ou non, et d'un circuit de refroidissement
·      Cosmétique (reprises de peinture, vernis, poste de pilotage, pilote, tableau de bord, accessoires, etc..)

Passons maintenant aux Américains :
 
US N°1. Longueur 305mm, maître bau 92mm
 

 Vu l'absence de pare-brise (et de ses trous de fixation) et la forme de la découpe, il s'agit très certainement d'un modèle avec cabine, ladite cabine ayant préféré aller faire sa vie de son côté plutôt que de rester sur sa coque. Il est assez similaire à l'ITO brun et crème présenté au début du post.

 


 

On retrouve les mêmes éléments que sur leurs cousins japonais, provenant vraisemblablement du même fourniseur (japonais).
 
Ce que j'ai fait : rien
Ce qui reste à faire : comme les autres, la difficulté étant de tout caser dans une coque plus petite.

US N°2 : Longueur 392mm, maître bau 117mm
 



On notera que l'angle de l'arbre est de l'ordre de 25° et que le skeg est très loin de l'hélice. Pour augmenter l'efficacité de la propulsion, il faut réduire l'angle au maximum. L'idéal est d'avoir un angle nul pour supprimer la poussée parasite  de l'hélice vers le haut, seule la composante horizontale est utile à la propulsion. Sur les bateaux de vitesse, l'angle de l'hélice est nul (à quelque chose près), ce qui implique une transmission par flexible avec un tube laiton cintré garni intérieurement d'un tube téflon. Je n'irai pas jusque là, mais il y a moyen d'améliorer sérieusement le système en modifiant quelques cotes. Ce bateau a été visiblement construit par quelqu'un qui n'avait que de vagues notions de marine.
Ce que j'ai fait : rien
Ce qui reste à faire : tout comme les autres.

Comparons maintenant les coques japonaises aux américaines.

 
On voit que les japonaises (les 4 de gauche) présentent un V  assez prononcé à l'avant et qui se prolonge en se réduisant sur toute la longueur de la ligne de quille, alors que celui des américaines est beaucoup moins marqué à l'avant et se poursuit rapidement par un fond plat. Bien que le V soit très peu marqué, elles tapent moins en navigation que les coques plates.
 

Vue des étraves. On remarque un tulipage prononcé sur les japonaises.
 

Les flancs des américaines sont à peine courbes et ne présentent pas de tulipage. On remarque également que le V de l'étrave est beaucoup moins prononcé que sur les précédentes.
 
Examinons maintenant les poupes.
 

Les japonaises
 

Les américaines
 
Cette vue de l'arrière confirme que les coques japonaises sont en V et que les amréricaines sont plates.
 
Ces quelques éléments permettront de reconnaître l'origine d'une coque dans la plupart des cas, mais ils ne sont bien sûr pas absolus et il peut y avoir des exceptions.
 
Je ne manquerai pas de vous tenir informés de l'avancement de ces projets, que je case de temps en temps entre mes créations et rénovations de voiliers pour me changer les idées.

Bonsoir Cornwinn, bonsoir à tous 
Un grand merci pour cet exposé passionnant. Je ne connaissais pas cette marque, même je crois avoir vu des modèles ressemblants.
Vous avez eu du flair. Votre collection est bien sympathique. 
Merci pour ce partage.

Bonsoir Corwwin , bonsoir Daoulic , bonsoir à Tous ,

Merci beaucoup pour ce bel exposé , bien documenté , une vraie référence si nous tombons un jour sur l'un de ces rares jouets Japonais , ou leurs versions US , c'est très intéressant et exhaustif .

DRAGON du HAVRE

Bonjour et compliments , ce sont des petites merveilles qui méritent une restauration soignée...Les yeux du dragon pour mettre les feux de route, c'est vraiment le détail qui tue, même si l'oeil vert semble être à bâbord au lieu de tribord sur la 1° photo

Ce qui est intéressant c'est que l'accastillage de ces ITO me parle beaucoup , l'hélice à pales soudées dans des feuillures, les feux de route, taquets , volants et le toutime...

Tout çà était également vendu séparément comme accastillage à monter sur les kits européens vendus par Baby Trains ou l'Eolienne dans les années 60 et 70....A cette époque on en était encore aux importations japonaises pas chères mais de qualité et dans tous les domaines à commencer par la moto et la photo

Superbe présentation,
J’ai appris beaucoup de choses sur ces bateaux , les miens sont en route et devraient arriver au mieux samedi.
Comme je n’avais pas grand chose à faire ils vont se rajouter sur ma longue liste de rénovations à faire .
La chance c’est qu’ils sont relativement petits et ne prennent pas trop de place sur la table de l’atelier.

Et je n’hésiterai pas à te demander quelques conseils et surtout si il est possible de retrouver un peu d’accastillage.