Petite coque inconnue

Bonjour à toutes et tous,

Voici une petite coque que j'ai toujours connu chez mes parents.

Achetée en 1937 à Saint Brieuc au magasin PARIS FRANCE par mon arrière grand père pour ma mère.

Coque pleine en sapin de 6.2 cm de profondeur, de 8 cm de largeur, et 39.5 cm de longueur sur laquelle on a ajouté un pont en sapin débordant comme sur les NOVA de 9.3 mm d'épaisseur, 40.5 cm de longueur et de 9.1 cm de largeur.

Il y a une trentaine d'année j'ai vu exactement le même modèle en plus petit en vente (chez un brocanteur ou en salle des ventes je ne sais plus).Je pense qu'il peut s'agir d'une petite production artisanale.

A l'arrivée des allemands en 1940 retour précipité en Ille & Vilaine sans son voilier. Ma mère ne retrouvera son voilier qu'en septembre 44 à Cesson près de Saint Brieuc.

Je ne sais pas qui a décapé cette coque, sans doute mon père ou ma mère car petit je me souviens de l'avoir vu avec ses couleurs d'origine.

Heureusement il reste quelques traces.

Œuvres vives bleu RAL 5000, pour les œuvres mortes vert RAL 6016, et le roof et liston rouge RAL 3018, enfin une bande blanche sur le pont le long du bord intérieur des pavois.

Une quille en acier fixée je ne sais comment avec un lest en plomb genre grosse olive fendue en 2 puis écrasée.

Le gréement est totalement absent sauf l'encornas du pic et un petit bout de grand voile avec laizes faites au crayon à papier et peut-être un morceau du mat.

Sur les murailles babord et tribord une série de 4 fixations, sans doute pour les haubans (2 en arrière du mat et 2 en avant du mat) qui devaient avoir des enfléchures courantes sur certains modèles. Enfin trace de fixation plus en arrière comme des bastaques.

Je continue car mon premier brouillon n'a pas été sauvegardé… mauvaise manip de ma part ce n'est pas du suspens….

Enfin sur le pont trace de hampe pour les couleurs nationales


Traces de taquets qui devaient être fait avec des clous à tête d'homme, mat emplanté dans la coque pleine, trace de clou à l'avant sur l'épaisseur du pont sans doute pour le maintien du bout dehors et reste de chaine pour une petite ancre sur babord

Un pontet se trouve sur l'étrave


Le voile de quille et son lest en plomb.  


Son ber ne me semble pas celui d'origine même si les couleurs sont les mêmes. En effet il ne s'adapte pas à la forme de la coque ni au voile de quille.

Avez-vous des idées sur sa provenance, sa marque si il en a jamais eu une ?

Je pense le regréer avec un mat assez court comme vu sur certaines cartes postales anciennes.

Bonne soirée à toutes et tous.
Diaoulic

Il est mignon comme tout !

Pourquoi dites-vous "coque pleine" ? Vous êtes sûr qu'elle n'est pas creusée ?  et que la quille n'est pas fixée à l'intérieur ?

Effectivement, du fait de sa faible profondeur e quille et de son lest très modéré, un gréement peu élevé s'impose.

Bonjour Tire-au-flan, 

Je pense à une coque pleine car elle est assez lourde, que c'est visiblement fabriqué dans un parallelepipede de sapin et qu'à part la poupe et la proue qui sont mis en forme le reste est laissé presque en l'état. J'en  veux pour preuve la muraille plate. Une coque comme celle ci je peux la faire avec le pont rapporté plus le roof en 3 heures à peine. 

Donc petit voilier bon marché. Reste la fixation de l'époque, là je ne vois pas mais pareil pour messieurs PAUDEAU pour le lest en plomb fixé sur le voile de quille. Pas de colle bi composant.

Au plaisir de vous lire.

Cordialement, 

Diaoulic

Bonjour TAF, Diaoulic, toutes et tous
Cette coque a beaucoup de charme et mérite que l'on s'y attarde. 
A propos de la fixation du lest, on peut imaginer que la tôle a reçu un léger coup de cisaille de façon à ce que son bord inférieur puisse être plié en T inversé avant d'écraser le plomb fendu. La rouille fait le liant.
Chez BVO, deux petits clous à tête sont à peine visibles.

Bonjour Tire-au-flan, Voguenmare, bonjour à tous,

Je commence sa restauration, et par ôter son reste de pied de mat. Vous aviez raison Tire-au-flan, cette coque est creuse. Donc le voile de quille doit traverser la coque puis plié et rebouchage au mastic à l'époque comme pour l'étanchéité du pont et de la coque.

Astucieux Voguenmare, votre système pour le lest sans clou. C'est sans doute ce moyen utilisé autrefois.

Auriez-vous une idée sur la manière de fixer les 4 haubans sur la muraille avec un pont en débord.
Ma mère se souvient d'enfléchures. Je pense à une pointe sur la muraille puis une boucle aplatie en fil d'acier avec légère boucle qui arriverait au dessus du pavois. Il me semble que les petits LM de pêche avait ce genre de gréement.

Je veux regréer ce voilier au plus près de son état de neuvage pour les 90 ans de mère.

Merci de votre aide bien précieuse.
Diaoulic

Bonjour Diaoulic

Effectivement ce montage avec des clous dans la muraille et un pont débordant est assez étonnant. 
Les montages avec clous dans la muraille sont habituellement sans débordement du pont (certains BVO et autres). 
.J'aurais tendance à faire simple tout de même : attacher directement les haubans et autres drisses sur des clous à tête assez large. Pour moi, un montage avec une latte ou un fil métallique nécessite au moins 2 clous superposés dans la muraille pour que cette latte ou ce fil reste plaqué sur la muraille avant de prendre la forme du débordement du pont.

Bonjour Diaoulic, bonjour à toutes et à tous,
Chez Vogu'enmer, les 4 haubans sont fixés par l'intermédiaire d'un anneau accroché à des pitons ouverts vissés dans le pont côté extérieur. Sur votre coque on voit un piton fermé oxydé qui retient un émerillon baril pour la pêche sur lequel était probablement attaché un hauban.

C'est vrai qu'il y a un piton, mais il y a surtout 1 ou 2 cm plus bas 4 traces d'anciens clous dans le bordé vertical... pour moi, le piton avec l'émerillon est soit plus tardif, soit pour une drisse ou comme filoir d'écoute de trinquette

Bonsoir voguenmare, Tire-au-flan,

Je rentre à  l'instant. 
Le piston et l'emerillon sont des pièces rapportées dans les années 70 par mes soins sans aucune expérience.  Ces pièces seront retirées prochainement. 

Je possède une maquette ou un voilier de bassin (un lest en plomb) d'un chasse marée des années 1820 avec ce genre de montage mais avec des cap de mouton.

Vous avez raison Tire-au-flan je vais faire simple car le pont en débordement pose problème. 

Merci beaucoup pour vos conseils.

Bonsoir TAF,
Effectivement votre observation est pertinente. Le 2ème piton avec l'émerillon est visible sur la vue de dessus. Un bout qui semble être un hauban est relié à un reste d'espar qui pourrait être le sommet du mat. Ceci dit les 4 traces d'anciens clous dans le bordé sont bien visible. Il serait intéressant de voir si à la verticale de ces clous, le pont n'aurait pas été percé pour permettre le passage des haubans en direction du mat.

Bonsoir Diaoulic,
Nos messages se sont croisés. L'hypothèse de TAF concernant les pitons et émerillons est donc validée; ils sont bien postérieurs.

Bonjour Tire-au-flan, Voguenmare, Bonjour à toutes et tous,

Bon je reprends le chantier du voilier de ma mère.

J'ai encore besoin de vos lumières, donc voici quelques photos car je bute sur les fixations du bout dehors.







j'ai trouvé dans le grenier une couronne de fil galvanisé servant à ligaturer les fagots pour allumer le feu. Super à travailler, suffisamment robuste. Il me servira pour le gréement de ce voilier sans doute bon marché et c'est bien la première fois que j'en utilise. L'aspect est sympathique et pas besoin de le vieillir.

Cordialement,

Diaoulic

Bonjour Tire-au-flan, Voguenmare, bonjour à tous,

La restauration de ce petit voilier avance.
J'ai dessiné un plan de voilure. Quelques temps plus tard j'ai réalisé que j'avais vu quelque chose d'assez ressemblant sur internet. J'ai comparé et surprise je n'ai eu que le bout dehors à diminuer.

Voici ce que j'ai trouvé sur internet.



Vous remarquerez : le lest pas en forme de cuillère mais en olive
                            le pavois en retrait se terminant en arrondi
                            l'étrave et son pontet
                            Le pont en débordement arrondi
                            le voile de quille qui me parait en acier
                            la poupe identique
                            le caractère bon marché
                            les enfléchures
                            les voiles avec lèses au crayon à papier



Bonne journée

Bonjour voguenmare, Tire-au-flan. Bonjour à toutes et tous,

Le voici terminé.




Je pense refaire le pavillon car il me parait un peu grand.


L'éclairage de ces jours ci ne rendent pas trop les couleurs. Ah une éclaircie

Hum... pas encore çà.
Je verrai avec ma mère si elle veut que je griffe un peu la peinture de la coque pour ne pas faire trop neuf.



Il ne me reste plus qu'à finir le ber et lui donner un aspect vieux sachant qu'il est fait dans un morceau de poirier du jardin de ma grand mère, ses poires préférées les Williams. Souvenirs souvenirs.

Bravo, il est superbe et votre mise en peinture le rééquilibre bien, alors qu'avec a quille peinte et la coque poncée, cette quille paraissait trop petite.

Effectivement, il est peut-être possible de détacher un peu les voiles sans les abimer : le tissu semble sain.

Concernant le pavillon à l'arrière, vous pourriez le coudre sur la chute de la grand-voile, assez près du pic : c'est ce que l'on voit généralement et c'est proche de ce qui se faisait sur les ''grands", sous voiles, le pavillon national avait sa drisse fixée au bout du pic. Ce n'est que quand la voile n'axait pas hissée qu'il était mis sur un mâtereau à l'arrière, qui sous voles aurait tété arraché par la bôme à chaque virement de bord. Mais c'est joli aussi comme vous l'avez mis.

Bonjour Diaoulic, TAF, toutes et tous,
Très belle restauration avec juste ce qu'il faut de petites imperfections pour lui donner beaucoup de charme. Un ébéniste m'avait dit qu'il n'hésitait pas à frapper un meuble neuf avec un trousseau de clefs pour le vieillir prématurément. 
Le pavillon est certes un peu grand mais il donne un côté naïf propre à tout jouet.
Juste pour pinailler, je pense que j'aurais peint le plomb et confectionné dans du fil de fer un jas pour l'ancre.

Merci pour vos compliments.

Ma mère ne voulait pas d'un bateau neuf mais avec ses couleurs d'origine, en mat.

Aussi j'ai essayé de me rapprocher le plus possible des imperfections d'un petit voilier bon marché et des stigmates de vieillesse qu'il aurait eu si il avait été encore en bon état. J'ai aussi voulu rester vraiment dans le jouet de l'époque.

C'est ainsi que j'ai fait les voiles dans un tissu lavé et encore tâché (tâches réelles de moisi et de rouille). J'ai du teindre ensuite les coutures pour que ça ne jure pas trop. Quelques tout petits trous sont présents mais ne se voient pas trop. Dôle de tissu que j'ai récupéré amidonné même après lavage. Même chose pour les taquets avec leurs clous. Les tâches d'oxydation des clous sont imitées avec de l'encre de chine.

Pour le pavillon mon frère m'a fait la même remarque que vous. La coque avait encore son bout de mâtereau au ras du pont. Il a fallu un perçage chirurgical pour pouvoir l'extraire. Ma mère m'a bien confirmé la présence de ce pavillon. Cousu sur la voile j'aurai pu le faire, mais je possède 2 anciens voiliers qui ont d'origine le pavillon à cet endroit.

     Après la grande guerre le pavillon national était hissé. Quels sont les bateaux de plaisance en France qui l'arborent ?  

Pour les imperfections de la peinture : Je me suis autorisé les bandes de masquage seulement pour la ligne de flottaison (car je n'ai pas de trainard et surtout je n'ai pas encore le coup de patte) et pour les bandes blanches du pont car il n'est et ne sera pas vernis et le sapin boit.

Une seule couche pour le rouge à main levée, là ou j'avais prévu 2 ou 3 couches. Il m'a semblé que ça "tombait" juste avec le vert et que ça faisait bon marché.

Pour le plomb j'ai longtemps hésité.... Pourquoi pas...

Pour l'ancre vous avez raison. J'avais en stock cette ancre, mais elle fait très années 50. Je réfléchis
pour rester dans l'esprit 1930.

Merci pour vos remarques.

diaoulic a écrit: ..... Après la grande guerre le pavillon national était hissé. Quels sont les bateaux de plaisance en France qui l'arborent ? 

Bonsoir,
C'est une "obligation", en France pour tous les bateaux de plaisance "immatriculés" d'arborer le "Pavillon National"
a la poupe du bateau, ce, du lever du soleil au coucher du soleil.
En "Course" ou (régate) le "Pavillon National" doit etre affalé depuis le top départ jusqu'à l'arrivée de la course du bateau.
Cela fait partie de "l'hectique marine".

J'aurais plutôt tendance a remarquer que bon nombre de "marins du dimanche" ont l'habitude de laisser 24h/24 leurs
pavillons en place .... et naviguent en arborant des "estraces" (serpillères) … 
Il n'y a plus de respect "ma pauvre Lucette" …
Bonne soirée.