Une Farcy au Tonkin

Bonjour à tous et à chacun





La rentrée est là, les enfants nous quittent,
La liberté vient avec les projets.
Naissent les idées, naissent les invites,
Je vous l’avoue, cet état là me plaît.

Et si on commençait une autre histoire ?
Un nouveau bateau vous l’aurez compris
Comme les anciens ici en font mémoire
Je vous parlerai en vers mes amis.

Ce n’est pas d’avoir une grosse tête
Que je m’exprimerai avec cet art
Ce n’est qu’une technique qui se prête
A me restreindre moi qui suis bavard.

Comment m’exprimerai-je, pour ce navire ?
Comme le Formidable en douze pieds ?
Ou bien l’Opale en sonnets ? Pour tout dire
Il faut autre chose, c’est décidé.

Que pensez vous du décasyllabique
Très cher à Nostradamus le devin ?
Le mot fait peur ? Il n’est pas sympathique ?
Il ne fait que dix pieds comme refrain.

Bon, c’est d’accord pour le choix de la rime,
Mais qu’en est-il de celui du bateau,
« C’est trop lent et vous perdez notre estime
Parlez nous du Farcy en titre plus haut ! »

Très chers amis ne soyez pas en peine
Ce n’est qu’une intro et il le fallait.
Je passerai la semaine prochaine
Pour vous parler de mon nouveau projet.

Chers amis bonjour

Si nous lisons Wikipedia le Sage
Farcy serait le nom d’un inventeur
De canonnières ayant pour avantage
D’être fort puissantes et pleines d’ardeur.

Etant petites et très discrètes
Ainsi invulnérables, on le disait,
Elles furent construites – les parfaites –
En peu de nombre et, mieux, sans trop de frais.

Mais pourquoi (encore) une canonnière ?
N’en avez vous pas fait suffisamment ?
Nous pensons à l’Opale l’année dernière
Vous manquez d’idée ? C’est très étonnant.

Comment naissent les projets en nos têtes…
Suis-je un vil guerrier aimant les canons ?
Le pire : doublé d’un Blanc qui regrette
Ces colonies que nous possédions ?

Le fer, le feu, le sang, la souffrance
Didier y songes tu en construisant
Porté par les rêves de ton enfance
Tous ces vieux navires combattant ?

Laissons tout cela à la médecine
Ce qui nous intéresse est le Farcy
Un p’tit navire à la drôle de mine
Pourquoi donc l’avoir choisi aujourd’hui ?

Ayant trouvé un ruisseau pour l’Opale
A la mettre sur l’eau réfléchissant
Je me heurtai à une erreur fatale
La transporter là bas tout simplement (1)

La porter par les chemins dans sa boîte
Jusqu’à la rive du lointain ruisseau
En ces lieux pour elle inadéquate
Si lourde, longue, fragile bateau

Il me fallait donc trouver autre chose
Plus léger, plus petit, moins encombrant
En un mot d’une plus petite jauge.
Je cherchais et ne mis pas longtemps.



cf http://www.gringo40s.com/french-naval-boats.html

(1) Il faut croire que je tiens mes engagements. Cf https://voiliercanotancien.forumactif.org/t1221p75-opale-1892#14318
Extrait : « Ceci me fait décider : construire une nouvelle canonnière fluviale (coloniale et du XIXème s. comme toujours) mais plus petite, plus légère, aisément transportable, peu fragile (avec moins d'appendices en saillie) et sans doute d'une mise en marche rapide et simple (= avec un moteur électrique). » Tout ceci me fera travailler sur un nouveau projet, n'est-ce pas motivant ? Un nouveau projet que je ne manquerai pas de développer sur notre forum. A suivre...

Bonjour les amis. Un peu de courage, je n'ai pas encore terminé avec la présentation de mon projet.

Je reprends. Dans nos villes assez nombreuses
On a la rue du sergent Bobillot
Un soldat de nos troupes valeureuses
Au siège de Tuyen Quang un héro.



M’informant du Bobillot sur la plaque
Je découvris un vieux siège oublié (2)
Où quelques Français donnèrent une claque
A douze mille Chinois très fanatisés.

Sur la rivière assurant la défense
Deux petites chaloupes, des Farcy,
Appuyèrent nos troupes pour la France
Ce sont elles que je célèbre ici

Pour remplacer l’Opale canonnière
Du Dahomey je passais au Tonkin.
De la même époque et toujours guerrière
Un peu plus petit mais pas un pantin !

(2) Il s’agit du siège de Tuyen Quang où participèrent les 2 canonnières Farcy.
Le capitaine de Borelli, officier légionnaire ayant combattu comme « mes » canonnières à Tuyen Quang, a écrit un poème sur cette bataille où il rend hommage à ses camarades et plus particulièrement à l’un d’entre eux qui lui a sauvé sa vie en sacrifiant la sienne. Ecoutons-le :

« A mes hommes qui sont morts
Et particulièrement à la mémoire de Tiebald Streibler
Qui m'a donné sa vie le 3 mars 1885
Siège de Tuyen-Quang.


Mes compagnons, c'est moi ; mes bonnes gens de guerre,
C'est votre Chef d'hier qui vient parler ici
De ce qu'on ne sait pas, ou que l'on ne sait guère ;
Mes Morts, je vous salue et je vous dis : Merci.


Il serait temps qu'en France on se prît de vergogne
A connaître aussi mal la vieille Légion
De qui, pour l'avoir vue à sa rude besogne
J'ai la très grande amour et la religion.


Or, écoutez ceci : "Déserteurs ! Mercenaires !"
"Ramassis d'Etrangers sans honneur et sans foi !"
C'est de vous qu'il s'agit, de vous, Légionnaires !
Ayez-en le cœur net, et demandez pourquoi ?


Sans honneur ? Ah ! passons ! Et sans foi ? Qu'est-ce à dire,
Que fallait-il de plus et qu'aurait-on voulu ?
N'avez-vous pas tenu, tenu jusqu'au martyre,
La parole donnée et le marché conclu ?


Mercenaires ? sans doute : il faut manger pour vivre ;
Déserteurs ? Est-ce à nous de faire ce procès ?
Etrangers ? Soit. Après ? Selon quel nouveau livre
Le maréchal de Saxe était-il donc Français ?


Et quand donc les Français voudront-ils bien entendre
Que la guerre se fait dent pour dent, œil pour œil
Et que des Etrangers qui sont morts, à tout perdre,
Chaque fois, en mourant, leur épargnaient un deuil.


Aussi bien c'est assez d'inutile colère,
Vous n'avez pas besoin d'être tant défendus ;
Voici le Fleuve Rouge et la Rivière Claire (3)
Et je parle à vous seuls de vous que j'ai perdus !


Jamais garde de Roi, d'Empereur, d'Autocrate,
De Pape ou de Sultan, jamais nul Régiment
Chamarré d'or, drapé d'azur ou d'écarlate,
N'allez d'un air plus mâle et plus superbement.


Vous aviez des bras forts et des tailles bien prises,
Qui faisaient mieux valoir vos hardes en lambeaux ;
Et je rajeunissais à voir vos barbes grises,
Et je tressaillais d'aise à vous trouver si beaux.


Votre allure était simple et jamais théâtrale ;
Mais, le moment venu, ce qu'il eût fallu voir,
C'était votre façon hautaine et magistrale
D'aborder le "Céleste" ou de le recevoir.


On fait des songes fous, parfois, quand on chemine,
Et je me surprenais en moi-même à penser,
Devant ce style à part et cette grand mine
Par où nous pourrions bien ne pas pouvoir passer ?


J'étais si sûr de vous ! Et puis, s'il faut tout dire,
Nous nous étions compris : aussi de temps en temps,
Quand je vous regardais vous aviez un sourire,
Et moi je souriais de vous sentir contents.


Vous aimiez, troupe rude et sans pédanterie,
Les hommes de plein air et non professeurs ;
Et l'on mettait, mon Dieu, de la coquetterie
A faire de son mieux, vous sachant connaisseurs.


Mais vous disiez alors : "La chose nous regarde,
Nous nous passerons bien d'exemples superflus ;
Ordonnez seulement, et prenez un peu garde,
On vous attend … et nous on ne nous attend plus !"


Et je voyais glisser sous votre front austère
Comme un clin d'œil ami doucement aiguisé,
Car vous aviez souvent épié le mystère
D'une lettre relue ou d'un portait baisé.


N'ayant à vous ni nom, ni foyer, ni Patrie
Rien où mettre l'orgueil de votre sang versé,
Humble renoncement, pure chevalerie,
C'était dans votre chef que vous l'aviez placé.


Anonymes héros, nonchalants d'espérance,
Vous vouliez, n'est-ce pas, qu'à l'heure du retour,
Quand il mettait le pied sur la terre de France,
Ayant un brin de gloire, il eût un peu d'amour.


Quant à savoir si tout s'est passé de la sorte,
Et si vous n'êtes pas restés pour rien là-bas,
Si vous n'êtes pas morts pour une chose morte,
O mes pauvres amis, ne le demandez pas !


Dormez dans la grandeur de votre sacrifice,
Dormez que nul regret ne vous vienne hanter ;
Dormez dans cette paix large et libératrice
Où ma pensée en deuil ira visiter !


Je sais où retrouver, à la suprême étape
Tous ceux dont la grande herbe a bu le sang vermeil,
Et tous ceux qu'ont engloutis les pièges de la sape,
Et tous ceux qu'ont dévorés la fièvre et le soleil ;


Et ma pitié fidèle, au souvenir unie,
Va du vieux Wunderli qui tombe le premier
Et suivant une longue et rouge litanie
Jusqu'à toi, mon Streibler, qu'on tua le dernier !


D'ici je vous revois, rangés à fleur de terre
Dans la fosse hâtive où je vous ai laissés,
Rigides, revêtus de vos habits de guerre
Et d'étranges linceuls faits de roseaux tressés.


Les survivants ont dit - et j'ai servi de prêtre !
L'adieu du camarade à votre corps meurtri ;
Certain geste fut fait bien gauchement peut-être,
Pourtant je ne crois pas que personne en ait ri !


Mais quelqu'un vous prenait dans sa gloire étoilée
Et vous montrait d'en haut ceux qui priaient en bas,
Quand je disais pour tous, d'une voix étranglée,
Le Pater et l'Ave - que tous ne savais pas !


Compagnons, j'ai voulu vous parler de ces choses,
Et dire en quatre mots pourquoi je vous aimais :
Lorsque l'oubli se creuse au long des tombes closes,
Je veillerai du moins et n'oublierai jamais.


Si parfois, dans la jungle où le tigre vous frôle
Et que n'ébranle plus le recul du canon,
Il vous semble qu'un doigt se pose à votre épaule,
Si vous croyez entendre appeler votre nom.


Soldats qui reposez sous la terre lointaine,
Et dont le sang me laisse des remords,
Dites-vous simplement : "C'est notre Capitaine
Qui se souvient se nous … et qui compte ses Morts."

Capitaine DE BORELLI.



(3) C’est sur la rivière Claire qu’opéra les Farcy

Merci, Didier44, pour ces belles pages sortie de leur sommeil, et pour nous faire connaitre cette canonnière et son inventeur, dont jusqu'à hier, j'ignorais tout.

Bonsoir et merci Tire-Au-Flan

Vous ayant mis désormais dans l’ambiance
Il est temps de parler de mes travaux
Quelles techniques, solutions, dépenses,
Les étapes : c’est tout ce qu’il nous faut.

Un plan est la première chose à faire
Je n’en ai pas trouvé, quelle question !
Il faut l’inventer, c’est toute l’affaire
En épluchant la documentation.

Ce vieux livre de Henri de Parville
Trouvé sur le site de Gallica
Peut-être me servira d’Evangile
Son titre est très alléchant en tous cas (4)

Ce qui m’importe fort est la carène
Le livre la décrit comme ondulée
Un dessin reproduit même la scène
Je pourrai peut-être m’en inspirer



Mais on nous parle encore de deux hélices
Flûte, ça c’est une complication !
Je vous le dit, n’en voyez pas malice,
Si m’en écarte pour la trahison.

En respectant la forme générale
Tout ce qui dépasse de l’eau
Sera pour moi la règle principale
Pour reproduire mon très cher bateau.

Je vous présente la première épure
Du plan de ma canonnière Farcy
Une bonne étape je vous assure
Pour moi ici est désormais franchie








Nous verrons plus loin comment la reprendre
Au besoin sur quelques dimensions
Je travaille ainsi, il faut me comprendre,
Par tatonnements mais avec passion.

En tous cas merci de votre patience
De m’avoir jusqu’à maintenant suivi
Car si l’Histoire est chose d’importance
Nous devons parler de bateau ici.

(4) « La canonnière Farcy » consultable librement chez Gallica.

Projet très original et intéressant. On voit bien la forme de la coque sur cette illustration.

Merci Pnovdenx pour cette sympathique
Illustration. Mais cette Farcy là
- Et ce n’est bien sûr pas une critique -
Jamais au Tonkin ne se déplaça.



Cf http://marc-andre-dubout.org/cf/lvdc/lvdc0267/farcy.htm
Extrait :

Bsr à vous hardis navigateurs

Il serait dommage de ne pas monter 2 moteurs. D'après ce que j'ai pu lire, les Farcy pouvaient tourner sur place. De même, la coque cannelée apporte une grande stabilité et permet aux hélices de travailler en semi-tunnel, ce qui semble augmenter leur rendement. Ce n'est pas plus complexe qu'un seul moteur, d'autant plus qu'on peut supprimer le gouvernail et piloter avec une RC 2 voies. Certains jouets chinois utilisent ce principe sur des bateaux de 15 cm, et ça marche bien (j'en ai eu 2), ils tournent vraiment sur place et j'ai réussi à les faire évoluer dans mon évier de cuisine quasiment sans toucher les bords.

Bonjour Corwwin, bonjour amis forumistes

Deux moteurs n’est pour moi pas un problème
Je les utilise depuis longtemps
Rappelez vous mon Formidable et même
Mon vieux sous-marin d’il y a 20 ans.


cf https://voiliercanotancien.forumactif.org/t945p125-le-cuirasse-le-formidable-1885#9882


cf https://voiliercanotancien.forumactif.org/t670-mon-naso-annulatus-sous-marin-en-tole-de-zinc-soude-et-ballast-au-gaz


Si j’ai retenu un moteur unique
C’est pour son poids et sa simplicité,
Mais surtout pour des raisons esthétiques
Tels les canots Marklin ou Radiguet.

Didier44 a écrit:

Un plan est la première chose à faire

Bonsoir cher amis, je reviens à mes obsessions !    


La deuxième difficulté je pense
Est de choisir une version du bateau
En vingt années d’aventures et d’errance
Elle changea bien souvent d’oripeau


La canonnière Farcy en France en 1869 


Devenue Revolver au Tonkin en 1884


La dernière version disparue en 1890 à Saint Vaast La Hougue


Vous l’aurez bien noté sur mon épure
Je n’ai fait que la coque du Farcy
Il manque la cheminée chose sûre
Mais peut-être une couverture aussi.

Je ne sais pas trop encore à cette heure
Laquelle des versions je construirai
Sans doute en protection de la chaleur
La présence de cabines me plaît.

Pour ne pas se perdre dans ces navires
Pour ne pas se troubler, s’y retrouver
Il y a truc que je dois vous dire
Le lieutenant Farcy fit trois bébés

Nées en soixante-neuf les deux premières
Finirent leur longue existence au Tonkin
Mitrailleuse et Revolver s’appelèrent
Et ont ma préférence c’est certain.


La Mitrailleuse


Le Revolver

La troisième ne servie qu’en France
Né en quatre-vingt sept, plus long
Mort en quatre-vingt dix c’est pas de chance
En Normandie, sans gloire. Ecoutons

Ce qu’un journaliste dans sa satire
Ecrivait sur notre pauvre bateau (5)
(Encore un poème qu’il me faut lire ?
J’en ai ma claque c’en est vraiment trop ! !)

(5) « La Lanterne d’Arlequin » (revue satirique - 1890)

Elle est morte la canonnière
Dont parlait tant M. Farcy.
Elle a sombré la nuit dernière,
Elle n’est plus. Mon Dieu, merci !
Célèbre de Toulon à Vire
Tant son barnum avait blagué !
C’était un tout petit navire
Qui n’avait jamais navigué.

C'était un engin militaire,
Construit sur des plans très nouveaux,
Qui ne marchait bien que sur terre
Et traîné par quelques chevaux.
Ce bateau crainte qu’on chavire
Ne passait les fleuves qu’à gué ;
C’était un tout petit navire
Qui n’avait jamais navigué.

Et Farcy clamait aux ministres :
- Mon bateau, c’est net et c’est clair,
Nargue la guerre et les sinistres :
Il va sur mer ! sur terre !! en l’air !!!
Mais quoiqu’il ait pu faire ou dire
Le pauvre esquif, non distingué,
Resta le tout petit navire
Qui n’avait jamais navigué.

Parfois, parmi les bateaux-mouches
La canonnière évoluait,
Simulant combats, escarmouches ;
Farcy, sur le pont saluait.
- Avant partout ! feu ! stoppe ! vire !
C’était un spectacle assez gai
De voir ce tout petit navire
Qui n’avait jamais navigué.

Ainsi, parfois, quelque réclame
Adoucissant son sort amer.
Mais voici que des gens sans âme
Ont voulu la risquer en mer.
Sottise ? Imprudence ? ou délire ?
Chantons tous un pleur dans la voix :
C’était un tout petit navire
Qui n’a navigué qu’une fois !

Corwwin a écrit:Bsr à vous hardis navigateurs

Il serait dommage de ne pas monter 2 moteurs.

Bonsoir Corwwin, bonsoir amis forumistes

 « Deux petites machines de cinq chevaux nominaux, mais développant quarante chevaux sur les pistons, font mouvoir chacune une hélice indépendante, dont l'une a pour but de faire marcher l'embarcation, et l'autre de la faire au besoin littéralement tourner sur place »
Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique.... T. 8 F-G / par M. Pierre Larousse sous la rubrique Farcy (Eugène)

Je m’interroge : un propulseur d’étrave
Fut il utilisé sur ce bateau ?
Une photo, un plan, voire une épave,
Répondra-t-il un jour à cette info ?

D’une manière pour le moins retorse
Hé ! Hé ! Je vais désormais avancer
Cette information qui me donne force
Pour mon choix de propulsion justifier.

« Oui mon bateau n’a qu’une seule hélice
Mais, mon cher, je l’ai fait avec raison
J’ai simplifié, n’en voyez pas malice,
M’importe seule la propulsion. »

Bonjour les amis

Après tout ce que nous venons de lire
Sur le dernier Farcy peu glorieux
C’est pas celui là que je vais choisir
Mais un autre beaucoup plus valeureux

Le Revolver a de très fortes chances
D’être élu pour deux raisons je l’avoue
D’abord sa glorieuse histoire pour la France (6)
Ensuite (et on y pense pas beaucoup)


Le Revolver

Parce que mes recherches sur la Toile
M’ont montré quelques représentations
(Plus que rares, certes, je le dévoile)
Du Farcy, ma future construction.

Les autres, en général, sont sans cabines
Elles correspondent aux premières versions
Et ont toutes ainsi la même bobine
Ce n’est pas un défaut nous l’admettons.

Mais moi j’aimerai de l’original
Retenir un bateau jamais copié
Une petite fierté c’est bien normal
Ma Farcy sera Revolvérisée !

J’ai trop parlé, assez de préambule
Il est temps de passer à du concret
Sinon vous allez croir’ que je recule.
Non mes amis on y va j’y suis prèt.

Et pour parler de cette belle aventure
La réalisation en « pas à pas »
Du Revolver, attachez vos ceintures
Car c’est promis demain on se revoit.


--


Passage du Yuoc (ou Duoc)

(6) Ecoutons le récit de M. Rollet de L'Isle repris dans son livre « Au Tonkin et dans les mers de Chine : souvenirs et croquis (1883-1885) »

« En cet endroit, la rivière Claire est très resserrée et se transforme aux basses eaux, comme en ce moment, en un véritable torrent qui coule sur des fonds de roche en tourbillonnant au milieu de quelques petites îles; c'est un passage déjà fort difficile en remontant; en descendant, il est des plus dangereux. Le capitaine du Revolver se décida pourtant à aller en reconnaissance de ce côté, pour tâcher de canonner les positions chinoises et empêcher l'ennemi de continuer ses travaux.

Il s'engage lentement dans le défilé, dominé à cette époque de l'année par de très hautes berges couronnées d'une forêt de bambous; à peine y est-il entré, qu'il reçoit une décharge de mousqueterie et quelques biscaïens d'une batterie masquée jusqu'alors, et, tout en ripostant, il reconnaît bientôt qu'il est impossible de s'éviter, sous un pareil feu, pour retourner à Tuyen Quan; il n'y a plus qu'à continuer et à passer. Or, le courant atteint quatre ou cinq nœuds, et toute l'attention du capitaine est occupée par la manœuvre plus ou moins facile au milieu des remous et avec un bâtiment qui n'évolue pas déjà très bien en eau calme. Tout va bien pendant une ou deux minutes; on en est au dernier coude, près de Duoc, on a presque passé, quand tout à coup deux grosses jonques coulées en travers du courant barrent la rivière à cent mètres devant la canonnière : il n' y a pas à hésiter, et le voudrait-on, cela serait impossible, il faut passer. En ce moment, trois ou quatre ouvrages chinois bâtis sur la rive droite ouvrent un feu violent sur le Revolver fusillé en même temps des deux bords. La canonnière saute à demi par-dessus les jonques en y laissant la moitié de l'une de ses hélices, mais elle passe et se trouve bientôt hors de portée, entraînée par le courant violent qui l'amène à Hanoï.
Malheureusement , presque tous les hommes ont été blessés, et le capitaine a reçu trois balles ou trois éclats de biscaïen qu'il faudra extraire, mais qui ne paraissent pas avoir touché d'organe essentiel.
Tout l'équipage est entré à l'hôpital, à l'arrivée à Haïphong : ceux qui ne sont pas blessés sont minés par la fièvre et auront besoin d'un long repos. La canonnière, que l'on renonce, pour le moment, à réparer, est mélancoliquement au sec près de l'arsenal. »



Testu de Balincourt le capitaine du Revolver

Bsr à vous hardis navigateurs

Deux petites machines ... font mouvoir chacune une hélice indépendante, dont l'une a pour but de faire marcher l'embarcation, et l'autre de la faire au besoin littéralement tourner sur place

On peut se poser la question d'un propulseur d'étrave, mais je ne vois pas comment il pourrait être entraîné par l'une des machines à vapeur, la transmission devrait traverser la moitié de la coque et passer sous le canon à l'avant. Pas simple...

La canonnière saute à demi par-dessus les jonques en y laissant la moitié de l'une de ses hélices, mais elle passe...

Ceci doit être plus conforme à la réalité: deux hélices propulsives logées dans les tunnels de la coque.

Bonjour Corwwin, bonjour à tous et à chacun

Je pense, comme vous, que à l’arrière
Se trouvaient deux propulseurs classiquement
C’est juste pour souligner qu’en cette affaire
Avec des textes ambigus, sans plan,

On peut « faire dire » à son avantage.
Autre exemple pour des "roues en avant"
Comme nous le dit un autre passage
Qu'on peut interprèter comme on l’entend.

On y parle de tout mais pas d'hélices
A moins de les assimiler aux roues
(Elles sont à palettes c'est un indice)
Bref : un bon plan serait plus à mon goût.

--

    L'Année scientifique et industrielle : ou Exposé annuel des travaux scientifiques, des inventions et des principales applications de la science à l'industrie et aux arts, qui ont attiré l'attention publique en France et à l'étranger / par Louis Figuier
Auteur :
    Figuier, Louis (1819-1894). Auteur du texte

"Deux chaloupes canonnières Farcy, destinées au Tonkin, ont fait leurs essais sur la Saône en 1885. Ces chaloupes sont en tôle d'acier; grâce à leur peu de. poids (30 tonnes),'elles pourront naviguer dans les rivières les moins profondes, car leur tirant d'eau n'est que de 0m,60. Au lieu d'avoir une quille, elles ont un fond arrondi, disposition qui a permis de former avec la coque une enveloppe protectrice pour les deux roues placées à l'avant. Ces roues, à palettes articulées, disparaissent complètement, en effet, dans le bateau, et reçoivent l'eau nécessaire par deux cannelures assez larges qui suivent le fond dans toute sa longueur.

Le milieu du bateau est occupé par une tente en tôle d'acier qui couvre la machine à condensation; sa force est de 54 chevaux. Elle est munie d'une bâche avec ,des pompes d'aspiration et d'alimentation logées dans la cale.

De chaque côté de la chaudière, des soutes peuvent contenir 1000 kilogrammes de charbon. L'avant est occupé par les roues et le gouvernail; la partie supérieure est recouverte d'une calotte en tôle d'acier, avec les ouvertures nécessaires pour le nettoyage des palettes; le gouvernail sera à barre fixe ou à roue.

La partie la plus curieuse est le dortoir et le réfectoire des dix hommes d'équipage. Ce sont deux cabines vitrées à l'arrière, voisines de la chaudière; la plus grande servira le jour de réfectoire pour les hommes; la nuit, on rabattra les tables mobiles contre les parois de la cabine et l'on accrochera au plafond les hamacs, retirés le jour dans deux caisses en bois.

L'autre cabine est celle du capitaine, dont le plancher donnera accès à la cale, où l'on placera les provisions nécessaires; enfin le reste de l'arrière renferme un guindeau, grand treuil pour lever l'ancre, et un petit canon de 90 millimètres."

Bonjour à vous hardis navigateurs

J'imagine qu'il s'agit de prototypes, car la description diffère des versions ultérieures et ne correspond pas aux images connues. L'armement des 2 unités du Tonkin et de celle de l'expo de 89 comprend essentiellement un canon de gros calibre (140? 240? 270? les descriptions divergent) placé à l'avant, et non un canon de 90 à l'arrière. Grosso modo, ces bateaux sont des canons flottants et motorisés.
La fin du 19° siècle est une époque très inventive et regorge d'inventions révolutionnaires, parfois farfelues, mais généralement complexes et peu fiables, et assez souvent terriblement inadaptées à leur destination finale.
D'après la description de Figuier, je vois la chose comme suit : 2 roues à aubes à palettes articulées, capotées, travaillant chacune dans un canal traversant la coque sur toute sa longueur. En somme, un moulin travaillant à l'envers. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Deux Mercury de 50CV auraient quand même été plus efficaces...
Et il faut traverser la cabine du capitaine pour accéder à la cale. Très pratique.

J'ai également été surpris par cette image. Cette canonnière est un bateau de guerre, en principe destiné à combattre et à être exposée au feu ennemi. On remarque tout de suite qu'il n'est prévu aucune protection pour les hommes, notamment les servants des mitrailleuses de toit. Au contraire, ils sont mis sur un piédestal pour être plus faciles à dégommer. Ca me rappelle quand je mettais des bouteilles sur une caisse pour tirer à la carabine... Le capitaine, à la barre, n'est pas mieux loti. C'est même étonnant qu'il n'ait reçu que 3 balles, ça prouve que les Chinois ne savaient pas tirer.

Les représentations de quelqu' artistes
Qui n'ont jamais été présents là bas
Peuvent être inexactes et c'est bien triste
Faisons plutôt crédit à celles-là

C'est en effet plus rassurant pour l'équipage.

Je me suis amusé à voir ce que pouvait être la version proto avec des roues à aubes carénées situées à l'avant.



Assez folklorique et terriblement steampunk, certainement assez inefficace, d'une maniabilité improbable et d'un usage malaisé, sans parler de la maintenance. Et encore, je n'ai pas représenté le mécanisme qui maintient les pales verticales pendant la rotation, qui doit comporter un tas de leviers et d'excentriques dans tous les sens.

Merci Corwwin pour tous vos commentaires
Je les reçois comme encouragements
Qui me font avancer dans mon affaire
N'est-ce pas d'un forum ce qu'on attend ?

Bien L'bonjour à tous. 
Un grand merci Didier pour se partage. 
Qui est très intéressant et je tant courage. 
C'est un super projet qui n'est pas  courant. 
bricolo (rudy)

Bonjour à tous et à chacun

Bon, maintenant, résumons notre affaire.
Pour la Farcy avons trouvé un nom
Donc une silhouette si on préfère
Alors notre premier plan modifions.



Mais modifier un plan est une chose
Encore devons nous nous assurer
Des justes cotations et je propose
Avant de construire, de vérifier.

Pour s’éviter les mauvaises surprises
Je vous conseille d’acheter d’abord
Histoire de s’assurer de leur emprise
Tous les accessoires à mettre en son bord.



Le moteur avec son arbre d’hélice
Le récepteur et l’accumulateur
Tous noms en « eur » n’en voyez pas malice
Variateur-contrôleur, servo-moteur

Pourquoi pas mêm’ les choses sans incidence
La fausse chaudière à l’intérieur
De la cabine. Choix fait par prudence
Du futur regard d’un inquisiteur

Posez-les ensuite sur votre feuille
(Celle du plan) afin de vérifier
Que la coque qui ici les accueille
Est de taille par vous bien calculée



Puis arrêter vos autres fournitures
Puisque l’épaisseur des bois est un fait
A penser pour votre quille future
Des couples jusqu’au pont et son parquet

Vous me reprochez d’être trop lyrique ?
De noyer le poisson, trop bavasser ?
Je vais vous donner des infos techniques
Ici maintenant pour vous apaiser.

Epaisseurs des bois
Quille 8 mm
Fond 3,5 mm
Couples 5 mm
Bordé 2 mm
Cabines 1,5 mm

Me promenant sur le port de Gravette
(Michel et Régis connaissent très bien)
Ai vu cette coque plate à arrêtes
Qui m’rappel’ quelque chos' nom d’un chien !

 

Bonjour Didier, bonjour à toutes et  tous,
Ce qui est moche dans les vacances, c'est qu'au retour il faut rattraper le retard accumulé. Bien que n'étant pas féru des guerres coloniales, je dois reconnaître que ces canonnières  Farcy ont une sacrée allure et la lecture de ce post fort intéressante. Bonne continuation.

Bonjour voguenmare, bonjour chers amis

La coloniale est mon époque reine
Je dois aimer les horizons lointains
On peut choisir la Farcy sur la Seine
Dans la Commune ou contre les Prussiens.




La canonnière "La Farcy" amarrée sur la Seine lors de l'incendie des Tuileries et du Conseil d'Etat le 24 mai 1871 -
Tableau de Charles Leduc ·  Musee de la Ville de Paris, Musee Carnavalet, Paris

Bonjour les amis

Qui poste une vidéo sur « ma » guerre ?
Chose incroyable : des anglo-saxons !
Et même mon bateau sur sa rivière
Nous on oublie, faut s’en faire une raison.

Deux mille dix neuf c’est extraordinaire !
La rencontre de nos histoires ici
Dira-t-on alors que dans cette affaire
C’est le moment du réveil de Farcy ?

Didier44 a écrit:Bonjour à tous et à chacun

Pour s’éviter les mauvaises surprises
Je vous conseille d’acheter d’abord
Histoire de s’assurer de leur emprise
Tous les accessoires à mettre en son bord.

Pour être bien complet sur cette affaire
(Estimer l’encombrement du bateau)
Ne pas oublier une passagère :
Oui cette arme qui sort son long museau

Le canon à l’avant de la chaloupe.
Mais où l’acheter, où donc le trouver ?
Le faire ? Il ne me faut pas que je me loupe
(Je songe ici à l’impression 3D

Solution déjà pour mon Formidable)
On commencera par le dessiner
Avec un logiciel pas trop minable
Pour en plastique ensuite l’imprimer.




(N.B. si j’ai envie de me détendre
Ce canon je le ferai à la main
On s’amuse à dessiner, faut l’entendre,
L’impression ensuite, on s’en moque bien)

Et enfin disons ici autre chose
Sur le modèle du canon choisi
Je sais sa représentation est fausse
La vraie alors ? Peut-être celle-ci



Un canon de cent quatre de l’époque.
Que je n’ai pas retenu pour autant.
L’exactitude ? Un peu, oui, je m’en moque,
Le charme des choses est plus important.

Je ne fais pas un bateau d'arsenal
Très exact, très fidèle et sans défaut.
Je souhaite quelque chose de plus banal
Mais plein de poésie pour mon bateau.

Bon, pour nous résumer dans cette affaire,
Selon ma folle humeur, sait on jamais,
Le choix 3D sera prioritaire
Sinon à la main le canon ferai.