BASSETT LOWKE moteur MARS

J’ai décidé de m’occuper d’un moteur à vapeur de bateau, acquis il y a quelques années.
 
C’est un petit bicylindre crée par l’entreprise anglaise Bassett et Lowke basée à Northampton.
 
Il est apparu pour la première fois sur le catalogue de l’année 1919 et il était toujours au catalogue en 1932, il n’est donc pas tout jeune.
 
La particularité de ce moteur, c’est qu’il utilise la lubrification par barbotage, j’aime bien ce terme.
 
Le vilebrequin tourne dans l’huile contenue dans le carter inférieur, et à chaque rotation, il projette l’huile sur les cylindres, bielles et pistons.
 
Il m’est arrivé avec une pompe à eau montée par son dernier propriétaire, pour approvisionner en eau la chaudière.
 
A première vue, la qualité des carters en aluminium laisser à désirer, il y a plein de porosités, c’est loin des standards actuels, même pour des jouets.
 
Mais il a l’avantage d’être complet, et a son arrivée,  il a fonctionné avec de l’air comprimé.
 
Il a fière allure, monté dans un bateau rapide, hélas ce bateau il n'est pas à moi.

D'après le prospectus il y a des cylindres chemisés avec chemises montées à force (ce qui élimine les soucis de porosité et de dilatation)...et la disposition générale est presque celle d'un moteur à explosion avec 2 cylindres de taille égale (probablement calés à 180° comme dans un moteur de moto bicylindre...)La vitesse de rotation peut grimper à 4000Tr Minute en utilisant la pression maxi.

On est très loin des répliques de machines classiques "triple expansion" avec 3 Cylindres d'alésage croissant pour la haute, moyenne et basse pression dont on peut presque compter les tours sur les doigts de la main...

Sur l'eau çà doit causer...est ce que le bateau ne serait pas un de ces infernaux "racers au pylône" qui sont reliés par un câble et une patte d'oie à un pylône planté au centre d'un bassin???

Bonjour à vous ,
Merci pour ce sujet que je vais suivre avec intérêt.
J’espère aussi toucher à la vapeur un jour.
Hubert

Bonjour Régis, bonjour amis du forum

Régis vas-tu construire un bateau pour y installer ton moteur ?

Bonjour à tous

Effectivement les cylindres sont chemisés en laiton et le moteur calé à 180°.

J’ai été surpris de constater que le vilebrequin tourne dans l’aluminium, qui a dû être choisi en conséquence, car cela se passe bien.

J’ai supprimé les plus gros défauts de moulage présents sur les 2 corps en aluminium, afin de le rendre présentable et surtout plus facile à nettoyer par la suite.
 
J’ai également repris les faces d’appui des joints d’étanchéité, à l’ancienne, à la main avec portée au bleu, sur un marbre, un peu long et salissant mais très efficace.
 
Le problème d'une vieille machine dont le corps est en aluminium, ce sont les filetages qui s'abîment à la suite de démontages/remontages successifs.

C'est le cas ici, le filetage sur l'échappement est très fatigué et un filetage au niveau du boitier de distribution a perdu ces filets, rendant impossible le serrage d'une des 4 vis.

Autre difficulté avec les vieilles mécaniques d’outre-manche, en cas de remplacement de la visserie abimée, c’est de connaitre le filetage utilisé.
 
Concernant le bateau présenté plus haut, je pense que possédant un gouvernail, il a pu être utilisé pour les courses en ligne droite.

Et pour répondre à Didier, je vais surement construire une  nouvelle coque, pour accueillir ce moteur ou un autre de mes monocylindres à vapeur,  mais ce Mars est intéressant avec son centre de gravité bas.

Magnifique petit moteur qui, en effet, ressemble assez à un moteur deux temps de moto. Il doit avoir une pêche fantastique. Seule une coque de racer ultra profilée devrait supporter son couple. Belle trouvaille.
Prenez garde qu'un "verdâtre surexcité" ne vous empêche de l'utiliser dans un bassin pour cause de pollution 

Est ce que la bonne solution pour les filetages HS n'est pas de poser des hélicoïls...et tant qu'à faire en visserie métrique, et tant qu'à faire remonter des goujons métriques en inox...les mécanos spécialisés en motos anglaises sont les rois de l'hélicoïl .

Pour le vilo qui tourne dans l'alu...ce n'est pas une totale hérésie: on a beaucoup critiqué les motos japonaises dont les Arbres à Cames tournaient directement dans l'alu de la culasse, mais en fait avec un graissage sous pression (les japs utilisaient des pompes trochoïdes au lieu des stupides pompes seringues britanniques), ben ça tenait...à condition de changer le filtre (que les anglaises n'avaient pas) et de vidanger régulièrement  Le mono 125 CBS archiconnu et continué chez les chinois exigeait une vidange / filtre tous les 1500 Km...à côté de çà les italiens amateurs de bella mecanica montaient des roulements partout , même sur les axes de culbus des Morini Settebello et Rebello...

Merci Régis pour cet "éclaté" de votre moteur à vapeur. D'après ce que je crois voir et comprendre, l'admission de la vapeur dans les cylindres se fait par des lumières ouvertes ou fermées selon la position des pistons?

Ca ne serait pas plutôt une sorte de distributeur (mais pas à tiroir comme dans les VTR triple expansion, plutôt un boisseau rotatif) qui amène la vapeur en tête de cylindre (le machin rectangulaire en laiton avec une admission au milieu et le truc cylindrique de gros diamètre planté entre les cylindres???

Oui je pense que la distribution se fait bien par "le machin rectangulaire en laiton" D'ailleurs le descriptif du moteur nous le dit par cette phrase

que l'on pourrait traduire par : "Les cylindres sont à simple effet avec pistons opposés et la soupape coulissante travaille horizontalement sur le côté". Cette soupape serait la petite pièce rectangulaire visible sur la dernière photo de l'éclaté entre la grande roue dentée et le distributeur rectangulaire en laiton. Comment est-elle mise en mouvement?

Il y a une gorge oblique sur le vilbrequin, entre les deux manetons des cylindres, ça doit actionner un arbre terminé par un carré et pourvu d'un doigt (ou d'un toc) qui rentre dans la gorge (la pièce en acier à côté du vilo) et ensuite , ce carré doit actionner la slide valve (soupape coulissante , autrement dit un tiroir en jargon de vaporiste)

C'est d'ailleurs précisé dans la dernière phrase du descriptif (une gorge en spirale est usinée dans le vilebrequin massif , qui actionne la soupape située dans une cavité d'échappement. Ainsi le pivot de la valve n'est pas gêné par la pression de la vapeur.)

Le truc cylindrique entre les deux cylindres est la sortie de la vapeur (échappement) et le raccord de vapeur vive est situé sur le flanc du "Steam Chest" c.a.d le coffre de vapeur soit la partie haute de la chaudière d'où sort la vapeur "sèche".

Il est précisé aussi que ce moteur n'est pas prévu pour fonctionner avec des générateurs de vapeur instantanés type "Flash Boiler" (ce qu'on trouvait dans les dernières automobiles à vapeur américaines  des années 1920 comme la Doble ou la Stanley Steamer)

Merci Laserologue pour ces explications.
Bien à vous.

Bravo, je n’ai rien à rajouter, c’est effectivement la rainure du vilebrequin qui commande un arbre vertical dans lequel est vissé en  partie haute,  un doigt a l’extrémité duquel se trouve une portée sphérique.

Elle vient se loger dans la pièce rectangulaire en laiton, la faisant coulisser latéralement et distribuer la vapeur  aux cylindres.





 
Voici les photos  du moteur remonté, ainsi qu’une courte vidéo du Mars tournant à basse vitesse, avec de l'air comprimé, faute de chaudière à vapeur en état de marche.

Pour le boîtier de distribution, trois filetages sur 4 ont été réparés avec ce qui ressemble à de petits ressorts (hélicoils), qui sont mis en place dans de nouveaux filetages.

L’opération s’est avérée délicate avec ces petits diamètres à fonds borgnes.

Et comme le filetage abimé à l’échappement est impossible à refaire, J’ai  réalisé une pièce qui vient se loger dans le petit bout de tuyau d’origine pour l’empêcher de se desserrer.

Impressionnant ! Bravo Régis !

C'est marrant je suis moi-même dans la fréquentation de vieilles choses anglaises. Car de mon côté je viens de récupérer un concertina Lachenal (construit à Londres en 1885) et je vis un "voyage dans le temps" à chaque fois que j'en joue. Régis, je partage sans doute ton émotion à faire revivre un objet du passé. Mais est-ce encore vraiment un objet inanimé ?
Pour ma part je sens la vie avec cette petite voix de ma dame concertina et les notes qui vibrent sous mes doigts. Combien d'histoires pourrait-elle me conter, elle qui a connu les guerres Mahdistes, le conflit avec les Boers, les deux guerres mondiales...

Ma-gni-fi-que! Merci Régis pour cette présentation. Il est certain que ce moteur mérite un bel écrin flottant.

Superbe! Comme neuf! ...Même pas fini de payer, encore 3 ans de crédit!

Quand on pense que ce truc doit dater du temps où le soleil ne se couchait jamais sur l'Empire Britannique...!

Bonsoir à toutes et tous,

Bravo pour la remise en route de ce petit bicylindre vertical.
Je reste très admiratif devant ces qualités de restauration nécessitant connaissances et compétences hors du commun.

Félicitations

Superbe, bravo pour cette magnifique remise en route !

Bonjour à tous et merci pour vos commentaires.

C’est vrai qu’il est dommage de laisser dormir sur des étagères ces vieux moteurs.

C’est la raison pour laquelle, j’ai fait rentrer deux planches de  peuplier en longueurs de 3 mètres.

Elles sont prévues pour réaliser une coque de vitesse typée années 1900/1930 d’au moins 1 mètre de long, et peut être une plus petite

Comme toujours,  il faut que cela murisse, pour le moment, le bois sèche tranquillement au sec.